Une joie féroce – Sorj Chalandon

Lorsque la maladie permet à une personne de se révéler, de prendre en mains son destin, il en émane une joie… féroce ! Un roman puissant et sensible signé Sorj Chalandon.

Éditeur : Grasset

Nombre de pages : 320

Parution : août 2019

Prix : 20,90 €

Version ebook disponible

​La foudre ne tomberait jamais deux fois au même endroit ? Vraiment ? 

Un adage qui vole en éclat dans le dernier roman de Sorj Chalandon. Jeanne est une femme discrète, une gentille libraire, une épouse aimante, s’excusant pour tout, sans doute de vivre. Elle est avant tout une mère en deuil, son fils unique s’étant éteint quelques années plus tôt, alors âgé de 7 ans. Une triste vie qui se brise un peu plus le jour où le cancer frappe à sa porte et où elle réalise qu’elle est désespérément seule pour affronter cette nouvelle épreuve, son mari étant un goujat comme on en fait peu.

Alors, quand elle rencontre lors de son traitement Brigitte et que celle-ci lui tend la main, elle la prend. Se noue ainsi une relation forte qui n’est pas sans évoquer le si joli roman de Gavin’s Clémente Ruiz, « Le club des feignasses » (Mazarine) où une douce amitié naissait également entre des personnes malades elles aussi, sur fond de chimio et de thalasso à Saint-Malo !

Brigitte prend Jeanne sous son aile jusqu’à l’accueillir chez elle où elle vit avec son amie, Assia, ainsi qu’une autre jeune femme, malade également, Melody. Si ces femmes partagent la maladie, elles sont toutes liées par quelque chose d’extrêmement fort aussi, la perte d’un enfant. Chacune fait face tant bien que mal et le soutien des autres apparaît particulièrement précieux. 

Alors, quand l’une d’entre elle pourrait récupérer sa fille, « la plus jolie petite fille du monde » à condition de réussir un casse incroyable pour être en mesure de payer une rançon, les autres filles n’hésitent pas à s’engager à ses côtés dans cette folle aventure, y compris Jeanne.

Lorsque c’est un homme qui évoque le cancer du point de vue d’une femme et que cet auteur est Sorj Chalandon, cela donne un roman puissant et sensible, où l’émotion filtre en permanence. Jeanne est devant nous, on suit sa métamorphose ou, plus justement, sa révélation, le cancer s’apparentant ici à un précipité, finalement positif. Il est bien sûr question dans ce livre de maladie, de deuil, et ce n’est pas très joyeux, mais également de sororité. Et ce sont de ces relations nouées par Jeanne avec ses trois consœurs que naît l’espoir d’une vie meilleure, conférant à ce roman un caractère résolument optimiste.

« Je ne pleurnichais plus, j’avais une joie féroce. Un matin, j’avais écrit : “Mon destin m’échappe. C’est la première leçon du cancer”. En me couchant, le soir où les filles m’avaient dévoilé leur plan, j’avais rajouté dans la marge : “Se réapproprier rageusement son destin est la deuxième leçon ».

 

 

 

Ce roman a été inspiré par la propre expérience vécue par l’auteur : le cancer de sa femme fut diagnostiqué en janvier 2018 et, onze jours, plus tard, Sorj Chalandon appris à son tour qu’il était lui aussi atteint par la même maladie. Une joie féroce a donc constitué une manière de raconter sa vie et tenir la maladie à distance autant que faire ce peut. « Toute l’écriture de ce qui va se passer avec Jeanne, m’a permis moi de ne pas être malade dans ma tête », a-t-il pu confier.

©️Joel Saget-AFP

À propos de l’auteur

 

Après trente-quatre ans à Libération, Sorj Chalandon est aujourd’hui journaliste au Canard enchaîné. Ancien grand reporter, prix Albert-Londres (1988), il est aussi l’auteur de sept romans, tous parus chez Grasset. Le Petit Bonzi (2005), Une promesse (2006 – prix Médicis), Mon traître(2008), La Légende de nos pères (2009), Retour à Killybegs (2011 – Grand Prix du roman de l’Académie française), Le Quatrième Mur (2013 – prix Goncourt des lycéens), Profession du père (2015) et Le Jour d’avant (2017).

Quelques pages en extrait du livre….
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