Summer – Monica Sabolo

« Toutes les choses dont on ne parle pas n’existent pas » : tel est l’adage qui a longtemps gouverné la vie de Benjamin, le narrateur du dernier roman de Monica Sabolo, tout comme celle de la société bourgeoise dans laquelle sa famille évolue.

Éditeur : Jean-Claude Lattès

Nombre de pages : 320

Parution : 23 août 2017

Prix : 18 € ; Versions ebook et poche disponibles 

Une magnifique maison à Bellevue, au bord du Léman, un couple rayonnant à qui tout sourit, une fille splendide de 19 ans, Summer, et un fils plus jeune, Benjamin. Une famille qui suscite l’admiration et l’envie de tous, jusqu’au jour où tout s’effondre. Celui où Summer disparaît au cours d’un pique-nique sans que l’on ne puisse jamais la retrouver. S’est-elle noyée dans le lac ? A-t-elle été assassinée ?

C’est à la faveur d’odeurs de peinture dans son bureau fraichement rénové que Benjamin se trouve littéralement submergé, pas loin de vingt-cinq ans plus tard, par toute une horde de souvenirs totalement occultés. Il décide alors de consulter un thérapeute et au fil des ses entretiens avec lui, recouvre peu à peu quelques bribes de souvenirs, reconstitue un puzzle dont pas mal de pièces lui manquaient cruellement.

Une lecture qui m’a plu à divers titres…

Une signature – Ouvrir un livre de Monica Sabolo, c’est pénétrer dans un univers particulier, une ambiance singulière.

L’auteur a en effet un talent certain pour créer une atmosphère originale. C’était vrai dans son précédent roman, « Crans-Montana ».Ca l’est tout autant ici. Le lac, omniprésent, constitue un personnage à part entière du livre et contribue pour beaucoup à créer des effets de lumières scintillantes, de transparence, parfois aussi un sentiment parfois d’oppression. Monica Sabolo excelle également dans sa manière de saisir et croquer la société bourgeoise genevoise ainsi que les adolescents protagonistes de ce livre, sur un petit air du film Virgin Suicides de Sofia Coppola.

 

Un rythme Sans en faire nécessairement un page turner, Monica Sabolo parvient à tenir son récit de bout en bout, distillant des indices au fur et à mesure de l’avancée de Benjamin dans sa thérapie et accrochant le lecteur au fil de cette intrigue jusqu’à son dénouement.

Une ballade dans Genève – Pour qui connaît la ville et a fortiori y vit, la lecture de Summer a ceci de ludique de conduire le lecteur dans plein de lieux familiers, de Florimont au Jet d’eau, en passant par la place du Bourg-de-four et y prendre un verre en face de la pharmacie, se surprenant à penser y croiser Summer elle-même ou encore son amie Jill !

Une réflexion sur la mémoire post-traumatique et ses mystères – Monica Sabolo appréhende l’absence dans son dernier roman de manière très originale. Disparue, Summer est pourtant présente, partout, incessamment, dans l’esprit de Benjamin et celui du lecteur. 

« Peut-être est-ce la seule chose qui reste à faire quand on n’a plus ni souvenirs, ni émotions : retrouver des vestiges, creuser avec ses doigts dans la terre, reconstituer des squelettes… ».

C’est ce à quoi s’emploie Benjamin tout au long du livre. Lui qui s’est toujours senti à part depuis sa tendre enfance, qui a l’intuition depuis tout petit d’être né après les événements fondateurs de sa famille, le rendant différent d’eux, trouvera peut-être la cause de ses maux en libérant la parole autour de lui.

 

 

©F_Mantovani

À propos de l’auteur

 

 Née à Milan en 1971, Monica Sabolo a grandi à Genève où elle a fait ses études. Elle a exercé la profession de.journaliste dans les rédactions des magazines Voici et Elle puis a été rédactrice en chef « Culture et People » de Grazia jusqu’en 2014. Elle est l’auteur de plusieurs romans : Le Roman de LiliJungleTout cela n’a rien à voir avec moi récompensé par le prix de Flore en 2013 et encore Crans-Montana pour lequel elle avait obtenu le grand prix SGDL du roman 2015.

Quelques pages en extrait du livre….

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