Quelques brèves de Julie

 

S23 – 3 au 9 juin 2019

 

Un peu de culture dans ce monde de brutes.

???? « Le goût des merveilles » de Eric Besnard, 2015, avec Virginie Efira, Benjamin Lavernhe ????????
Les merveilles sont des pâtisseries que Louise, jeune veuve arboricultrice de la Drôme en difficultés financières, vend sur les marchés. Elle heurte un jour en voiture un jeune homme qui marche sur la route. Pierre est autiste Asperger plein de tics et d’angoisses, mais également un redoutable observateur et calculateur prodige qui analyse tout à l’aide de son ordinateur. Pierre s’adapte très vite à Louise et à son environnement, et s’installe chez elle contre son gré. Tout d’abord perplexes, les deux enfants de Louise s’attachent à lui et font tout pour que le jeune homme reste à la maison. Elle hésite longuement à l’accepter dans sa vie. Un joli film sur la différence, qui m’a fait penser au livre formidable d’ Olivier Liron, « Einstein, le sexe et moi » (Alma Editeur). Viriginie Efira est toujours aussi juste, présente à l’écran, et Benjamin Lavernhe pas en reste non plus. Pas un coup de cœur mais pas mal du tout : à voir.

???? « L’école du pouvoir » Canal+, 2X124’, de Raoul Peck, avec Robinson Stévenin, Élodie Navarre, Céline Salette, Valentin Merlet, 2008 ????????
J’avais vu cette mini série lorsqu’elle avait été diffusée début 2009 et l’avais alors beaucoup appréciée. Y évoluent cinq jeunes étudiants de l’élite française qui entrent à l’ENA, la fameuse promotion Voltaire de 1980, celle de François Hollande, Ségolène Royal, Dominique de Villepin, Michel Sapin, Jean-Pierre Jouyet ou encore Renaud Donnedieu de Vabres… Les personnages sont sans doute assez ressemblants, très réalistes. On les voit évoluer durant les trois années de leur scolarité, leurs stages, leurs examens, leurs amitiés, leurs amours, leurs ambitions, leurs alliances, jusqu’à leurs affectations, dans les grands corps de l’État pour les meilleurs, ou les ministères… juste avant l’élection de François Mitterrand et l’arrivée de la gauche au pouvoir, une alternance après de longues années de gouvernance à droite. Cette série m’avait suffisamment marquée pour qu’une lecture m’y fasse repenser immédiatement… celle de ce livre :

???? « Le monde à nos pieds », de Claire Léost, JC Lattès, 2019????????
C’est à une plongée dans les années étudiantes d’un groupe d’amis à Science Po que nous convie Claire Léost dans son premier et passionnant roman, reflet réaliste de la société des années 90’. Ils sont six – trois garçons et trois filles – et se rencontrent lors de leur rentrée en première année sur les bancs mythiques de cette prestigieuse école française de formation des élites, rue Saint-Guillaume. « Le monde à leurs pieds » est précisément le leur, à la veille des élections de 1995 qui verra la fin du règne de François Mitterrand, du duel entre Chirac et Balladur… Ils sont jeunes, ambitieux et chacun incarne à sa manière un profil assez typé ; Louise, banlieusarde fraichement débarquée dans la capitale, Katel, « seule étudiante noire de sa promotion » venant de Bretagne, Finette, splendide brin de fille assurée, Lucas, séduisant et charismatique syndicaliste de gauche, Stan, bourgeois parisien et visant clairement le sommet de l’état, et Max, jeune homme solitaire de droite, dont la mère est femme de ménage… Tous ambitionnent de se réaliser pleinement grâce à des études engageantes et à un militantisme politique assez incontournable dans ce type de formation. Mais les cartes se trouvent vites rabattues au gré d’alliances, de liaisons et de passions, auxquelles les idéaux ne résistent pas toujours et révélant des personnalités souvent complexes … Lorsque les rêves se confrontent à la réalité, tous ne résistent pas et les accommodements deviennent parfois de mise.

Ainsi, grandir, c’est apprendre à renoncer et chacun des personnages attachants de ce roman va l’expérimenter comme les lecteurs le découvrent en les retrouvant vingt ans après lors de l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. Un monde à leurs pieds ? Rien n’est donc moins sûr dans cette chronique sociale à six voix, qui n’est pas sans rappeler la formidable série dont je parlais juste avant « L’école du pouvoir » ➡️ Chronique complète ici.

Share This