Quelques brèves de Julie

 

S15 – 8 au 14 avril 2019

 

Un peu de culture dans ce monde de brutes.

???????? « Visages Villages » de Agnès Varda et JR, 2017 ???????? En hommage, à Agnès Varda ❤️ 

Ce fut un succès fou et mérité pour l’avant-première du documentaire d’Agnès Varda et JR au Cinéma les Scala de Genève le 2 juillet 2017 à tel point que la séance avait dû être doublée ! J’avais eu la chance d’y assister. Une invitation à un road movie d’une tendresse infinie, à la rencontre de belles personnes. Des instantanés pour fixer les choses et se rappeler, éclairés par les touchantes anecdotes de JR himself venu présenter son film à Genève sans Agnès pour la première fois !

Séparés par quelques cinquante-cinq années, mais mus dès leur rencontre par l’envie partagée de travailler ensemble, la cinéaste de renom Agnès Varda et le talentueux artiste JR se sont associés sans trop savoir où ils allaient, sans même un scénario de départ… Un projet périlleux pour une réussite totale ! Auréolé de l’Œil d’or du meilleur documentaire à Cannes, Visages, villages propose un voyage aux quatre coins de la France, en camion-photomaton, à la rencontre de personnes, de régions, de villages, parfois oubliés. Les deux artistes investissent les lieux, photographient des gens pour coller leurs silhouettes, leurs visages, sur les façades de bâtiments, ou encore sur des murs ou des bunkers. Ainsi, nous partons sur les traces des mineurs des corons, à la rencontre de la dernière habitante d’une rue désertée, ou encore des travailleurs d’une usine, d’un facteur, d’une serveuse de restaurant, sans oublier les dockers du Havre et leurs femmes…
Chaque étape du voyage est l’occasion pour JR et Agnès Varda non seulement de rencontrer les habitants de ces villages mais aussi de les rassembler autour d’un événement, créant ou réanimant un lien qui parfois, avait pu s’estomper. Et c’est en cela que le film est particulièrement réussi : mettre l’art au service de l’humain, pour rapprocher les hommes et créer du lien.

Un lien formidablement mis en valeur par la musique de Matthieu Chedid – M – qui 

épouse le film de manière admirable. Et pourtant, son travail n’a pas été facile comme JR s’est amusé à le révéler ! Si lui n’avait pas de doute quant à la pertinence du choix musical, cela n’en a pas été de même pour Agnès Varda qui n’a pas hésité à challenger le musicien jusque tard certains soirs pour obtenir le meilleur !
Visages villages est un film riche, poétique, avec comme fil rouge, les yeux. Ceux d’abord de JR qu’il cache derrière ses éternelles lunettes noires, ne les dévoilant qu’un instant à Agnès dans un moment très touchant du film. Mais ceux aussi d’Agnès, atteints d’une maladie rendant sa vision floue. Et JR de dire à Agnès qu’avec ce film, l’idée est d’emmagasiner un maximum d’images pour elle, avant que « tout ne foute le camp ». Et Agnès de répondre, quand parfois ses jambes ne peuvent la porter assez haut pour avoir un meilleur panorama : « Regarde pour moi ! ».
Une complicité affleurant chaque scène, passant par des taquineries, des mises en boîtes de part et d’autre et toujours beaucoup d’humour. Mais ce que l’on retient à la fin du film, c’est un hommage à la réalisatrice mythique qu’est Agnès Varda et qu’elle n’a évidemment pas recherché, ponctué par ses souvenirs cinématographiques et porté par la bienveillance de JR palpable tout au long du film. Agnès Varda ne voulait pas faire le film de trop. Il n’en est absolument rien avec celui-ci ! À ne pas manquer !

???? « Dix pour cent » S1, S2 et S3, créée par Fanny Herrero, avec Camille Cottin, Thibault de Montalembert, Grégory Montel, Nicolas Maury, Netfix ????????

Série vue et revue. Coup de coeur total ❤️❤️❤️ « Dix pour cent », c’est le montant perçu par la prestigieuse agence artistique ASK sur chacun des contrats des acteurs qu’elle représente. Chaque épisode accueille des acteurs connus qui jouent en leur propre nom, donnant lieu à des situations cocasses où tous s’amusent de leur image. Je pense notamment à Nathalie Baye faisant signe à sa fille Laura Smet de se tenir droite ! Ou encore à Julie Gayet fuyant les paparazzis et tombant dans les bras de Joey Star ???? Une bonne dose d’auto-dérision, des dialogues ciselés et un casting de choc : outre ceux déjà cités, je pense notamment à Juliette Binoche, Fabrice Luchini, Isabelle Adjani, Audrey Fleurot… crises de fou rire assurées ! En réalité, l’intérêt de la série se trouve moins dans les guest stars que dans les personnages des agents artistiques eux-mêmes que l’on suit épisode après épisode avec délectation. Mention spéciale à Camille Cottin, fabuleuse !

???? « Cassandra Dark », de Posy Simmonds, Denoel Graphic, 2019 ????????
Qui est Cassandra Darke ? Une vieille dame misanthrope peu recommandable sans aucun doute. À la tête d’une galerie d’art, elle mène une vie tranquille dans sa maison des beaux quartiers de Londres, suffisamment riche pour vivre confortablement, entre son chien et sa cuisinière qui lui mijote chaque jour de bons petits plats, sans se soucier le moins du monde de ce qui l’entoure. Une galerie qu’elle gérait avec son ex-mari, remarié à sa sœur, jusqu’au jour où celui-ci n’en fut plus capable, victime de la maladie d’Alzheimer. 
Âpre aux gains, elle se fait prendre dans une histoire d’escroquerie aux œuvres d’art. On la découvre alors un an après, à la veille de Noël, seule, quasiment ruinée, condamnée à 200 heures de travaux forcés passées à écrire des lettres pour les aveugles. C’est alors qu’elle découvre chez elle une arme, et un gant rose, des présents dont elle se serait bien passée et qui l’impliquent, malgré elle, dans un crime commis au sein des bas quartiers de Londres, aux côtés de sa nièce Nicki.
Deux Noëls à un an d’intervalle, qui donnent l’occasion à l’auteur de revisiter les « Contes de Noël » de Charles Dickens, où le vieux Scrooge finit par lui aussi, emprunter le chemin de la rédemption. Un portrait acide… L’occasion aussi pour Posy Simmonds de peindre un Londres très réaliste tout en nuances de gris, teintées de touches de jaune, d’orange et de rose.
Un livre qui m’a enthousiasmée, tant sur le fond que sur la forme. J’ai apprécié cette histoire ancrée dans un univers graphique léché qu’on prend plaisir à ouvrir à nouveau même terminé pour se délecter de tous les détails qui nous ont échappé à la première lecture ❤️

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