Quelques brèves de Julie

 

 

S48 – 30 novembre au 6 décembre 2020

 

 

 

Un peu de culture dans ce monde de brutes.

????  ????« Petite fille » de Sébastien Lifshitz, 2020, Arte ????????

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Grosse claque émotionnelle que ce documentaire bouleversant qui dresse le portrait de Sascha, une petite fille née dans le corps d’un garçon, « une dysphorie de genre » ainsi nommée par la pédopsychiatre de l’hôpital Robert Debré que ses parents vont consulter. Ce film montre le combat qu’elle mène avec ses parents pour se faire accepter par la société. Si ses parents ont réalisé très tôt que la volonté de Sasha d’être une fille procédait d’une volonté toute autre que celle, classique, de vouloir ressembler à l’un d’entre eux, l’école, en revanche, peine à intégrer cette différence.
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Karine, la mère de Sascha, estime que chacun sur terre a une mission. Celle de sa fille est de faire évoluer les mentalités. La sienne est d’accompagner Sascha. Et elle le fait de manière inconditionnelle, courageuse, admirable et extrêmement émouvante. Passée la culpabilité que certains ont contribué à lui faire porter – tel un médecin généraliste qui lui demande si au fond, elle ne souhaitait pas une fille quand elle était enceinte… mais qui a l’intelligence de l’adresser à un spécialiste (!) –, elle se bat, chaque jour, pour rassurer son enfant, lui donner confiance en l’avenir, la consoler quand l’injustice est insupportable. Chaque petit pas est une victoire mais Karine sait qu’il s’agit du combat de sa vie et que celle de Sascha sera complexe. Notre cœur se serre à chaque rejet, si injuste et incompréhensible. Nos larmes coulent quand la petite, rejetée manu militari d’un cours de danse où elle s’est présentée habillée en petite fille, demande à sa mère « Est-ce que cela sert à quelque chose que l’on se batte ? ».
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J’ai aimé la justesse de ton de ce film qui contribue sans aucun doute à sensibiliser le public à ce sujet. Comment ne pas s’identifier à ces parents, qui luttent sans merci, au quotidien, pour faire accepter leur enfant tel qu’il est ? Ils font preuve d’une force et d’un calme incroyables, s’étonnant du rejet par certains et ne comprenant pas bien ce que cela peut leur faire d’accepter une personne telle qu’elle est, sans se préoccuper de son état civil. La solidarité et l’amour au sein de la fratrie sont eux aussi exceptionnels. Un film incontournable, de ceux qui ne laisse pas indemne. Gros coup de ❤️. Un documentaire à rapprocher d’une fiction récente tout aussi forte, sur la différence elle aussi : « Apprendre à t’aimer » de Stéphanie Pillonca.
 
???? « No man’s land », de Maria Feldman, Eitan Mansuri, Amit Cohen, avec Felix Moati, Souheila Yacoub, Mélanie Thierry, 2020, 8X45’, Arte ????????????????????????
Sensations fortes avec cette série très réaliste, à la limite du documentaire, au cœur du conflit syrien. La vie d’Antoine, jeune parisien, interprété par Felix Moati, bascule le jour où, devant un reportage sur la guerre en Syrie, il croit y reconnaître sa sœur, Hanna, qui après une rupture avec sa famille, était partie s’installer au Caire où elle avait péri dans un attentat. Et si elle était bien vivante ? Antoine décide de partir sur les traces de cette combattante qui pourrait bien être sa sœur. Il va intégrer, malgré lui, un groupe de combattantes kurdes luttant contre Daesh, menées par l’excellente Souheila Yacoub (actrice suisse ????) qu’on avait déjà vue dans « Les Sauvages » et au cinéma dans « Le Sel des larmes » de Philippe Garel. De drame familial, la série glisse vers l’espionnage et le thriller géopolitique de manière très efficace et présente un autre intérêt : nous plonger au sein de Daesh où nous suivons parallèlement trois jeunes hommes britanniques s’étant radicalisés et ayant choisi de venir combattre. La guerre vécue de l’intérieur, entre ces différents groupes de combat, sur le terrain. Une série qui bouscule et interroge sur les raisons qui poussent chacun à s’engager dans de tels combats !
 
???? « The Crown », Saisons 3 et 4, de Peter Morgan et Stefen Daldry, avec Olivia Colman, Gillian Andersen, Helena Bonham Carter, Josh O Connor, Emma Corrin…20X60’, Netflix ????????????????
J’avais beaucoup aimé les deux premières saisons centrées sur les premières années du règne d’Elizabeth II, aux côtés du Prince Philip et avais marqué une pause, le temps d’enchainer ensuite les saisons 3 et 4. Ces dernières poursuivent et s’attachent à l’histoire de la famille royale, jusqu’à ce que le couple de Charles et Diana batte très sérieusement de l’aile. Si les acteurs m’ont paru plus crédibles dans les deux premières saisons, en particulier le couple royal, j’ai beaucoup apprécié Olivia Colman dans le rôle de cette reine, plus âgée. J’ai en particulier savouré ses relations avec sa célèbre première ministre, Margaret Thatcher, incarnée par Gillian Andersen, impeccable ! Le prince Charles n’est pas à son avantage dans sa relation avec Diana et on comprend que la famille royale, réelle cette fois, s’en émeuve. Pourtant, si le créateur de la série a toujours affirmé sa volonté de respecter la réalité historique, il ne cache pas avoir injecté des éléments fictionnels dans la série afin de mettre en valeur certains thèmes. Au final, une série extrêmement bien réalisée et interprétée. So british’ ????
Une dernière saison est prévue avec, pour interpréter la reine, Imelda Staunton (l’horrible Dolores Ombrage d’Harry Potter) et pour Philip, Jonathan Pryce, que je préfèrerais sans aucun doute ! Le tournage ne devrait pas débuter avant juin prochain, pour une diffusion en 2022.

 

 

 

 

 

???? « L’Etreinte », de Flavie Flament, Éditions JC Lattès, Septembre 2020 ????????

Une bousculade dans une boulangerie, quelques mots échangés et deux regards qui s’accrochent, se reconnaissent. Un premier rendez-vous, le temps de réaliser qu’une belle histoire commence et… survient le confinement. Emma et Augustin se retrouvent alors séparés, à des kilomètres de distance. Que faire de ces sentiments naissants à l’heure où l’on se retrouve empêché de les exprimer comme on a coutume de le faire ?
Loin d’être un roman sur l’amour au temps du confinement, Flavie Flament interroge plus largement, avec « L’étreinte », le sentiment amoureux et le besoin de l’autre, à un moment très précis et qui fait tout l’intérêt de ce livre, celui où le contact charnel se révèle impossible. Un livre surprenant, doux et tendre. Chronique complète ici !
Siddharta
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