Quelques brèves de Julie

 

 

S2 et 3 – 13 au 26 janvier 2020

 

 

 

Un peu de culture dans ce monde de brutes.

???????? « L’adieu » de Lulu Wang, avec Shuzhen Zhao, Awkwafina, X Mayo, 2020 ????????????????
« Basé sur un vrai mensonge ». C’est l’accroche de ce film que je trouve excellente, à l’opposé du si en vogue « D’après une histoire vraie ». Si le sujet du film m’a paru intéressant, le traitement cinématographique m’a moins convaincue… Une famille éparpillée entre les États-Unis, la Chine et le Japon se réunit autour de la grand-mère lorsque ses membres apprennent qu’elle est atteinte d’un cancer incurable. Selon la tradition chinoise, ils décident tous de ne rien lui dire et prétendent de marier l’un des petits-enfants pour justifier leur réunion familiale. Un mensonge un peu dur à avaler pour la petite fille, Billi, qui entretient des liens des privilégiés avec sa grand-mère. L’actrice qui joue Billi a d’ailleurs été sacrée meilleure actrice dans une comédie ou une comédie musicale aux Golden Globes 2020. Ce thème central du film est passionnant et résonne avec le livre dont j’ai choisi de vous parler cette semaine : « Le dernier hiver du Cid » de Jérôme Garcin qui lui, en revanche, m’a totalement emportée. C’est un film sur l’exil, les différences culturelles, et sur la maladie et les cas de conscience des uns et des autres. Émotion et humour sont au rendez-vous, les longueurs aussi…

???? « Spinning out  » de Samantha Stratton, avec Kaya Scodelario, January Jones , S1 10X50’, Netflix???????? 
Pas un coup de cœur non plus pour cette série même si je n’ai pas passé un mauvais moment. Elle présente au moins l’intérêt de pouvoir être regardée en famille, et retrouver January Jones qui incarnait la somptueuse Betty Draper dans Mad Men ! Si vous pensez pouvoir assister à de magnifiques performances sportives, passez votre chemin ! Plus que sur le patinage artistique, cette série concerne davantage à mon sens la bipolarité et la manière dont les patients qui en sont atteints peuvent la vivre. Une mère, ancienne patineuse artistique, élève seule ses deux filles auxquelles elle a quasiment tout sacrifié pour leur permettre de performer en patinage artistique à leur tour. La carrière de l’ainée a subi un sérieux revers à la suite d’une chute. Mais la période semble faste pour les deux filles : nouveaux coachs, amour et confiance sont au rendez-vous. Elles vivent toutes dans une station de ski de l’Idaho, entourées d’entraîneurs, de médecins, de partenaires sportifs, de rivaux, d’amis et d’ennemis. Amours, secrets, amitiés, trahisons et retrouvailles se succèdent sur fond de rêve olympique. Mais la bipolarité de la maman, ainsi que celle d’une des deux filles va sérieusement compliquer les choses…

???? « Le dernier hiver du Cid », de Jérôme Garcin, Gallimard, octobre 2019.

Une voix. C’était l’empreinte que Gérard Philipe avait laissée en moi depuis ma tendre enfance où j’écoutais en boucle « Le Petit Prince » et « Pierre et le loup ». C’est aujourd’hui bien davantage, une fois la dernière page fermée du très bel hommage que Jérôme Garcin vient de lui rendre avec cet ouvrage, « Le Dernier Hiver du Cid ». Toute la prouesse de ce livre réside dans le fait d’être paradoxalement parvenu à ressusciter l’acteur iconique et engagé que fut Gérard Philipe tout en relatant ses derniers jours !

C’est en effet au sommet de sa gloire en 1959 que l’acteur, seulement âgé de 36 ans, se sentit brutalement diminué, accablé par une fatigue de plus en plus tenace et un mal de ventre lancinant. Son médecin posa un diagnostic rassurant : un abcès amibien au foie qu’une simple opération parviendrait à régler sans difficulté. L’opération ne dura en réalité pas plus que le temps d’ouvrir et refermer ce corps condamné, quelques minutes ayant permis au médecin de simplement constater l’étendue du cancer incurable et renoncer à tout soin. Il l’annonça alors à Anne, l’épouse de Gérard Philipe, celui-ci encore endormi. Sa réaction spontanée fut sidérante : taire à son mari la vérité, lui cacher que sa vie était sur le point de s’éteindre alors que lui se pensait en convalescence. « Nous essaierons d’être élégants si un jour nous sommes malheureux » s’étaient-ils jurés… Une promesse honorée. La volonté farouche d’une femme de préserver jusqu’au bout son homme et il lui permettre de tenir ainsi son dernier rôle le mieux possible.
Jérôme Garcin, d’une plume sensible, tout en émotion retenue, revient sur l’immense carrière que fut celle de Gérard Philipe, celui-ci, sur son lit d’hôpital ou de retour chez lui rue de Tournon, se remémorant non seulement tous les rôles mythiques déjà endossés mais également tous ceux qu’il envisageait de jouer. Ainsi, renaissent Lorenzaccio, Ruis Blas, Perdican, ou encore Octave… Grâce à ce livre et à cette mémoire restaurée, le voici qui vibre à nouveau dans nos esprits, et plus encore grâce au portrait intime qu’en dresse Jérôme Garcin, celui d’un mari et d’un père aimant, d’un ami loyal et fidèle. Une prouesse sans doute facilitée par la « proximité » existant entre l’auteur, devenu le gendre posthume de l’immense artiste. Jérôme Garcin a en effet épousé Anne-Marie Philipe, la fille de l’acteur. On imagine aisément le challenge littéraire et moral qu’a dû constituer l’écriture de ce livre… Coup de ❤️ Chronique complète ici.

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