Quelques brèves de Julie

 

 

S22 et 23 – 1er au 14 juin 2020

 

 

 

Un peu de culture dans ce monde de brutes.

???? « L’amie prodigieuse » de Saverio Costanzo, avec Ludovica Nasti, Elisa Del Genio, Gaia Girace, Margherita Mazzucco, S1 et S2, 8X50’, Canal+????????????????
Étonnamment, j’étais passée à côté de ce best seller littéraire au succès mondial, pimenté par le mystère entourant l’identité de son auteur, Elena Ferrante, jamais apparue en chair et en os ! Aussi invisible soit-elle, elle s’est fortement impliquée dans la réalisation de l’adaptation de sa saga. J’ignore si c’est la raison pour laquelle elle m’a parue si réussie mais j’ai adoré ! Elle est, paraît-il, une fidèle adaptation du roman, ses deux premiers tomes en tous cas, le tournage de la suite ayant été interrompu par le corona virus. Lila et Elena se rencontrent dans les années 50’ à Naples. Elles vivent dans des quartiers très modestes, une banlieue de la ville. L’amie prodigieuse, c’est Elena, dite Lenu. La saga raconte leur amitié depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte.

La série a été tournée à Naples et sur l’île d’Ischia. J’ai non seulement été captivée par l’histoire mais aussi par le contexte, la photo, les couleurs magnifiques de la série qui accompagnent si bien l’histoire, la musique, la langue, la série étant jouée en napolitain de l’époque. Une esthétique très réussie. Les actrices principales, totalement novices et choisies parmi 9000 candidates, sont également formidables. On ne peut qu’être attirées par ces actrices. Les seconds rôles sont également excellents. Une histoire de passions, brulante, où les sentiments sont exacerbés. Bref, une atmosphère qui m’a enthousiasmée et un rythme impeccable.

Gros coup de ❤️ . Cette série, parce qu’elle s’inscrit dans l’histoire de l’Italie, m’a fait penser à un film que j’avais adoré il y a quelques années : « Nos meilleures années ». Rattrapage possible pour celles et ceux qui n’ont pas Canal+ : la série sera diffusée sur France 2 en juillet prochain. Une série qui me donne fortement envie de découvrir le nouveau livre d’Elena Ferrante, tout juste paru chez Gallimard.

???? « After life » Saison 2, de et avec Ricky Gervais, Tony Way, Tom Basden, Kerry Godliman, David Bradley, Ashley Jensen, 8X30’, Netflix
J’avais beaucoup aimé la première saison de cette série écrite et interprétée par l’acteur anglais Ricky Gervais, sur le thème du deuil. Son personnage, Tony, doit affronter la perte de sa femme adorée des suites d’un cancer. Sombrant dans la dépression, Tony ne parvient à surmonter cette absence qu’on revêtant un masque d’un cynisme absolu, tenant debout grâce à son chien dont il prend grand soin. C’est au contact de toute une galerie de personnages qu’un avenir semble possible, moins noir. La deuxième saison est le prolongement de la première. On apprend à mieux connaître tous les personnages entourant Tony. Lui se découvre aussi : le journal pour lequel il travaille est sur le point d’être vendu. Ricky va se révéler d’un soutien précieux pour tous ceux qui l’entourent. Pour autant, le désespoir ne le quitte pas tout à fait et il continue à visionner les vidéos qu’il a tournées avec sa femme. Il ne se passe pas grand-chose mais j’ai beaucoup aimé cette suite, où je suis souvent passée du rire aux larmes. C’est bien écrit, émouvant, très bien ! ❤️

???? « Jeffrey Epstein, pouvoir, argent et perversion » de Lisa Bryant, 4X56’, Netflix ????????
J’avais bien entendu parler de Jeffrey Epstein, sans savoir de quoi il retournait vraiment, et « retourner » est bien le terme… Dans mon esprit, son nom était apparu en même que celui d’Harvey Weinstein et je mélangeais les deux affaires. Et pour cause, tous deux se connaissaient et étaient pervertis sexuellement. Cette mini série Netflix donne largement la parole aux victimes d’Epstein et permet de mesurer à quel point ce type était machiavélique.

Doté d’un très fort charisme, il a réussi dans les affaires en escroquant pas mal de personnes au passage. Il est devenu richissime et a profité de sa situation pour assouvir ses envies : celles de très jeunes filles, mineures, qu’il attirait dans sa maison de Palm Beach. Directement ou par l’intermédiaire de sa petite amie ou des jeunes filles dont il avait abusé, il en recrutait d’autres. Toutes arrivaient dans la villa pensant être embauchées pour masser Epstein qui les attendait allongé sur le ventre sur une table de massage. Après quelques minutes, il se retournait, nu, et le cauchemar commençait. Les témoignages vont tous dans le même sens. Il a ainsi mis en place une organisation pyramidale d’agressions sexuelles assez impressionnante. Les soutiens dont il a bénéficié durant des années sont tout autant saisissants ! Il côtoyait des personnalités en vue, riches, au pouvoir immense, partageait avec elles de bons moments et leur fournissait, parfois, ces jeunes filles… Sont ainsi impliqués à des degrés divers Bill Clinton, le prince Andrew, Trump, Weinstein, Kevin Spicey…

Si la justice s’est saisie de l’affaire, Epstein est parvenu en faisant jouer ses relations au plus haut niveau et en utilisant sa fortune, à lui échapper, tout juste inquiété de temps en temps, jusqu’à ce que finalement, il soit arrêté, jugé pour sollicitation à la prostitution et proxénétisme de mineure et emprisonné, ce qu’il ne supporta évidemment pas… Une série à voir même si finalement, elle pose pas mal de questions auxquelles il n’est pas répondu, notamment sur les soutiens dont a bénéficié Epstein.

???? « L’école du ciel » d’Elisabeth Barillé, Grasset, mars 2020 ????????
« Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous » a écrit Paul Eluard. Des mots qu’Elizabeth Barillé dit prendre volontiers à son compte et qu’elle a pu ressentir un jour, à la vue d’une maison. Quelle jolie découverte que ce livre ! L’auteur y raconte en grande partie sa propre histoire, celle d’une femme, écrivain, parisienne, étouffant dans une vie citadine oppressante. En couple depuis plusieurs années, sans enfants avec son conjoint, elle éprouve le besoin de construire quelque chose de solide avec lui. Cela passera par les pierres… Leurs recherches les conduisent de la Sicile à la Haute Provence où ils tombent littéralement amoureux d’une vieille bâtisse, avec le sentiment d’être enfin arrivés à bon port. Invités à déjeuner par les vendeurs de la maison, nouveau coup de foudre, cette fois-ci pour des toiles, celles peintes par Aimée Castain, mère de leur hôte et qui vécut sa vie dans la maison achetée !
Elisabeth Barillé fait revivre dans ce livre cette bergère-peintre qui s’est découvert, à 50 ans, un talent certain pour la peinture. Revenant sur son enfance auprès de parents métayers, l’auteur raconte cette vie simple qu’Aimée a menée auprès d’un mari dur au travail, élevant ses enfants et prenant soin de ses bêtes, jusqu’au jour où un nouveau voisin, artiste, provoqua le déclic qui lui permit de se lancer et jouer de pinceaux et de couleurs.
Par une habile construction, Elizabeth Barillé mêle les deux récits, imbriquant les histoires des deux couples, dans un style littéraire subtil qui lui donne l’occasion de s’interroger sur le couple et sur ce qui fonde une relation, sur la création artistique, sur la liberté pour une femme de créer et sur le métier d’écrivain… C’est sur ce dernier qu’elle porte d’ailleurs un regard assez dur en se décrivant dix ans auparavant « concentrée, égocentrée, embastillée dans un livre en cours » allant même jusqu’à écrire que les librairies sont pleines de livres inutiles ! C’est bien loin d’être le cas pour celui-ci ! « L’école du ciel » est un roman qui invite à prendre le temps, à revenir à des choses simples et essentielles, un hymne à la nature dans lequel il est bon de s’immerger !

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