Quelques brèves de Fabienne
S42 – 16 au 22 octobre 2023
Un peu de culture dans ce monde de brutes.
???????? « The eternal daughter » de Joanna Hogg avec Tilda Swinton, August Joshi, Carly-Sophia Davies…
Julie, accompagnée de sa mère âgée, vient prendre quelques jours de repos dans un hôtel perdu dans la campagne anglaise. La jeune femme, réalisatrice en plein doute, espère y retrouver l’inspiration ; sa mère y voit l’occasion de faire remonter de lointains souvenirs, entre les murs de cette bâtisse qu’elle a fréquentée dans sa jeunesse. Très vite, Julie est saisie par l’étrange atmosphère des lieux : les couloirs sont déserts, la standardiste a un comportement hostile, et son chien n’a de cesse de s’échapper. La nuit tombée, les circonstances poussent Julie à explorer le domaine. Elle est alors gagnée par l’impression tenace qu’un indicible secret hante ces murs.
Hantée et magistrale. Ce sont les adjectifs qui viennent lorsqu’on évoque le jeu de Tilda Swinton dans ce film. La réalisatrice nous embarque dans une plongée lente et mélancolique de la pensée de cette femme qui est en train de perdre sa mère. Dès la scène dans le taxi, j’ai eu l’intuition de la fin. Mais qu’importe. Swinton est exceptionnelle (elle joue les 2 rôles mère-fille) et son chien (c’est vraiment son chien), Louis, est « cabot » avec la caméra. Il sait tout faire. À voir.
???????? « Les nageuses » de Sally El Hosaini avec Nathalie Issa, Manal Issa, Matthias Schweighöfer… Netflix
De la Syrie en guerre aux JO de Rio en 2016, deux sœurs entreprennent un périple hasardeux, pendant lequel elles font un usage héroïque de leurs aptitudes de championnes.
C’est toujours compliqué d’adapter sur grand écran une histoire vraie, surtout quand les protagonistes sont des contemporains de l’œuvre. Il y a ce choix difficile à faire entre « faire de la fiction » et respecter la parole et les souvenirs des protagonistes. Ici par exemple, le film n’a pas de scénario et traîne en longueur(s) [ oui, je sais, c’est facile pour des nageuses], amputé d’une grosse 1/2 heure la narration aurait gagné en puissance. Après, on s’attache évidemment aux personnages, à ces deux sœurs et à leur cousin, on tremble pour eux, on s’émeut devant ces vies cassées, ces espoirs brisés, on s’insurge devant le « non accueil » que nous réservons à ces réfugiés, l’actualité confirmant ces dires.
Je rappelle ici que personne, personne ne quitte son pays, sa famille et ses projets de gaité de cœur. Que derrière chacun et chacune se trouve une histoire et que nous naissons tous « libres et égaux » en droit. Pourquoi ouvrons nous nos portes à 4.000.000 d’ukrainien et refusons ce même cette prérogative à d’autres. A cause de leur couleur de peau ? A cause de « nos » valeurs ? A cause d’intérêts qu’il est préférable de taire ? Interrogez-vous en regardant ce film… ouvrez les yeux, c’est tout le mal que je vous souhaite.
???? « Beef » de Lee Sung-Jin avec Steven Yeun, Ali Wong, Patti Yasutake, Maria Bello… 10 X 35’
Un fâcheux incident survenu sur la route n’a de cesse de s’immiscer dans l’esprit de deux personnes et de consumer peu à peu toutes leurs pensées et actions.
Ballet tragi-comique, « Beef », « Acharnés » pour sa traduction française, jouit d’une magnifique progression narrative à l’instar de « Des gens bien ». D’un coup d’un seul, à cause d’une broutille qui s’ajoute à une journée de merde pour les deux protagonistes, la machine va s’emballer. Deux âmes en peine sur l’asphalte de la perdition. C’est à la fois euphorique et désespéré. Le dernier épisode pousse assez loin la réflexion sur les états d’âmes de cette « génération perdue », celle qui est née et a grandi dans les années 80. C’est une réussite !
« Rodeo girls » de Justine Morvan et Kevin Nogues Arte
Dans l’État, la pratique du rodéo confi ne à la religion. On le regarde à la télévision, on le pratique en famille et on parcourt sans hésiter des milliers de kilomètres les week-ends, en vacances ou en rognant sur le temps scolaire pour assister aux compétitions. Jessi, Shelby et Naia en ont fait un sacerdoce. À 15 ans, Jessi a plusieurs dizaines de victoires à son actif et se voit courtisée par les grandes universités de l’État pour un parcours académique sportif. À 12 ans, Shelby est l’une des rares jeunes filles à avoir choisi le bull riding (monte de taureau) qui abîme son corps et met son mental à rude épreuve. Naia, elle, montre des dispositions étonnantes pour le goat tying (ligotage de chèvre) malgré son jeune âge.
Trois jeunes texanes défient les lois de la gravité, bien déterminées à s’imposer dans le monde du rodéo, une discipline sportive à la fois, spectaculaire, ancestrale et folklorique. Tout comme pour leurs homologues masculins, les enjeux trottent dans la tête ces ados âgées entre 9 et 15 ans qui vivent cette passion comme un credo : « le rodéo ce n’est pas seulement ce que je fais, c’est ce que je suis. ».
???? « Trilogie Silo », de Hugh Howey
Dans un monde post-apocalyptique, à une époque indéterminée, les êtres humains sont obligés de vivre dans un immense bunker souterrain pour se protéger des conditions de vie mortelles qui règnent à la surface de la planète. Autour d’un immense escalier, et sur 144 étages, une hiérarchie sociale s’est mise en place, les classes dominantes sont les plus près de la surface, les ouvriers sont profondément enterrés, faisant tourner les machines. Le shérif, dont la femme est morte pour avoir demandé à sortir malgré le tabou et l’interdiction liés à cette idée, décide de mener son enquête sur les raisons qui l’ont poussée à faire ce choix. Il sera rapidement convaincu qu’un complot est à l’œuvre, cachant la vérité au peuple du silo.
Le T2 est sans doute mon volume préféré de cette trilogie.