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Quelques brèves de Fabienne

S34 – 21 au 27 août 2023

Un peu de culture dans ce monde de brutes.

???????? « En los màrgenes » de Juan Diego Botto avec Penélope Cruz, Luis Tosar, Juan Diego Botto…

Les histoires entremêlées d’individus au cours de la même journée. Parmi eux, la bataille acharnée d’une femme qui met tout en oeuvre afin d’empêcher que sa famille soit expulsée de leur maison par une banque désireuse d’en reprendre possession.

Ce film est à la fois un film social à la Ken Loach, avec une caméra à hauteur des marginaux et des exclus du système et un thriller, tant il est haletant de bout en bout. Il dénonce la violence sous toutes ses formes : du mépris des institutions aux flics qui sont désormais des robocops. Tous les comédiens sont très bons et justes. La prestation de Penelope Cruz est magistrale et sa beauté, quand elle est chiffonnée par ses rôles, est éblouissante ! Coup de

????????« Trois jours à Quiberon » d’Emily Atef avec Marie Bäumer, Birgit Minichmayr, Charly Hübner… Arte

En 1981, fatiguée, dépressive et inquiète pour son fils David, Romy Schneider est en cure à Quiberon afin de se refaire une santé. Son amie Hilde Fritsch la soutient lors de la longue interview qu’elle a accepté d’accorder au magazine Stern, en raison de son amitié avec le photographe Robert Lebeck. Mais les questions de Michael Jurgs se révèlent éprouvantes pour l’actrice fragilisée.

Confessions tragiques, un an avant sa mort. On y découvre une Romy qui s’accroche désespérément à la vie mais elle était trop fatiguée, trop abîmée déjà. Ici se mêlent souffrance, névroses, addictions et culpabilité. Des mains tendues qui lui étaient impossibles de saisir trop longtemps, aspirée qu’elle était par le gouffre de sa vie. L’actrice allemande est époustouflante. Oui, elle lui ressemble physiquement mais au-delà de ça, elle réussit à saisir l’essence, les attitudes et les expressions de Romy Schneider, le tout sans la singer. C’est brillant ! Marie Bäumer a remporté Le Deutscher Filmpreis de la meilleure actrice en 2018, une récompense amplement méritée.

À voir ! Toutes les photos de cette dernière ITW existent et vous pouvez les retrouver sur Internet.

???? « In my skin » de Kayleigh Llewellyn avec Gabrielle Creevy, James Wilbraham, Poppy Lee Friar 5 X 30’ S2 BBC / Auvio

Bethan réussira-t-elle à garder une secret la maladie mentale de sa mère et l’alcoolisme de son père ?

Tout est beau dans cette petite pépite galloise. L’écriture, la direction des acteurs, les placements de caméra. Ce récit initiatique, commencé à la S1, est un parfait exemple du « coming of age story », ce passage de la vie d’ado à la vie d’adulte. «Sex Éducation » ou encore « Heartstopper » s’inscrivent eux aussi dans cette lignée (bien que les saisons 2 et suivantes des deux citées en exemple aient été déceptives pour moi). La réalisatrice, qui s’est inspirée de sa vie perso, réussit son pari et parle tellement justement de la bipolarité (de la mère) et de l’exploration de la sexualité (de la fille) que c’est un coup de

absolu, plusieurs années après la S1 ! L’attente a été récompensée.

« Adeptes, de l’emprise à la déprise » de Karine Dusfour Arte

En matière de dérives sectaires, comment sort-on de l’emprise ? Entre vertigineuse solitude et renaissance, les bouleversants récits croisés de victimes qui témoignent de la descente aux enfers et de la lutte pour s’arracher à la sujétion.

Cinq témoins livrent le récit de leur descente aux enfers et la longue bataille intérieure qu’ils ont dû mener pour se défaire des pièges de la manipulation. Témoin de Jéhovah, disciple de « L’Université de la nature et de l’écologie de la relation »… De loin, puisque je ne me suis jamais sentie attirée par ces groupuscules, je m’étonne toujours qu’aucun signal d’alarme ne se déclenche dans la tête des futures victimes tant les noms des « organisations », les contenus et les « demandes » sont vides de sens. En revanche, j’ai trouvé très intéressant les séances en immersion à la Caimades (Cellule d’assistance et d’intervention en matière de dérives sectaires) auprès de professionnels et de policiers à l’écoute. Est-ce par ce que la caméra tournait mais j’ai trouvé très intelligent la façon dont le groupe interroge, plus que le fait divers, la dimension sociétale de la déprise. Car, de ce fléau libérés, les ex-adeptes peinent longtemps à retrouver leur place.

???? « Blanc autour », de Wilfrid Lupano et Stéphane Fert

1832, Canterbury. Dans cette petite ville du Connecticut, l’institutrice Prudence Crandall s’occupe d’une école pour filles. Un jour, elle accueille dans sa classe une jeune noire, Sarah.

La population blanche locale voit immédiatement cette « exception » comme une menace. Même si l’esclavage n’est plus pratiqué dans la plupart des États du Nord, l’Amérique blanche reste hantée par le spectre de Nat Turner : un an plus tôt, en Virginie, cet esclave noir qui savait lire et écrire a pris la tête d’une révolte sanglante. Pour les habitants de Canterbury, instruction rime désormais avec insurrection. Ils menacent de retirer leurs filles de l’école si la jeune Sarah reste admise. Prudence Crandall les prend au mot et l’école devient la première école pour jeunes filles noires des États-Unis, trente ans avant l’abolition de l’esclavage. Nassées au coeur d’une communauté ultra-hostile, quelques jeunes filles noires venues d’un peu partout pour étudier vont prendre conscience malgré elles du danger qu’elles incarnent et de la haine qu’elles suscitent dès lors qu’elles ont le culot de vouloir s’élever au-dessus de leur condition. La contre-attaque de la bonne société sera menée par le juge Judson, qui portera l’affaire devant les tribunaux du Connecticut. Prudence Crandall, accusée d’avoir violé la loi, sera emprisonnée…

Énorme coup de

pour ce roman graphique ! La narration est maîtrisée et le dessin s’adapte parfaitement. La disposition des cases entourées de blanc rehausse l’ensemble. Ce roman graphique est un petit bijou.