Quelques brèves de Fabienne
S2 – 9 au 15 janvier 2023
Un peu de culture dans ce monde de brutes.
???????? « The Wonder » de Sebastián Lelio avec Emma Donoghue, Alice Birch… Netflix
En 1862, 13 ans après la Grande Famine. Lib Wright, infirmière anglaise, est appelée dans les Midlands irlandais par une communauté dévote pour passer 15 jours au chevet de l’une des leurs. Anna O’Donnell est une jeune fille de 11 ans qui prétend ne rien avoir mangé pendant quatre mois et avoir survécu par miracle. Alors que la santé d’Anna se détériore rapidement, Lib est déterminée à découvrir la vérité, bousculant la foi d’une communauté qui préférerait s’en tenir à ses croyances.
J’ai lu beaucoup de critiques négatives qui ne me semblent pas justifiées. Pour ma part, j’ai aimé le rythme, les décors et le sujet de ce film. L’image et les couleurs sont extrêmement bien travaillées, les plans intéressants, quant à l’histoire… Au nom de la religion, tant de choses dramatiques se sont produites et se produisent ! Ce film parle également de la parole des femmes, des secrets que celles-ci gardent pour des raisons pieuses ou pas… et de leur professionnalisme souvent mis et remis en cause par les hommes, supposés eux alors la science infuse. Bref, la délivrance ne vient pas toujours de la famille. Preuve en est.
???? « The Devil’s hour » de Tom Moran avec Jessica Raine, Benjamin Chivers, Peter Capaldi, Phil Dunster… 6 X 60’ Amazon Prime
Lucy se réveille toutes les nuits à 3 h 33 précises. Pendant longtemps, rien dans sa vie n’avait de sens. Cependant, les réponses se trouvent là, quelque part, au bout d’une série de meurtres brutaux.
Coup de cœur pour cette série très bien ficelée avec un concept d’heure « satanique ». J’ai été happée du début à la fin avec un parti pris assumé jusqu’au bout. L’écriture va au bout du propos et on obtient la plupart des réponses que soulève la série. Les acteurs sont tous très bien. Espérant qu’une S2 ne soit pas un vœu pieu mais une « vraie » réalité !!!
« Terra in vista » de Mattia Petullà et Giulia Angrisani
Cecilia, Armelle, Gibbo et Sisco sont saisonnier.es, travaillent dans des champs de monoculture, fabriquent des campements temporaires sur des terres en friche. Là où l’on pourrait les croire piégé.es dans une vie en marge, iels se dérobent aux préconçus par leur détermination à vivre et penser avec la précarité.
Pourquoi mais surtout comment des adultes se mettent volontairement en marge du « monde » et font le choix de la précarité ? Chacun des protagonistes m’a fait penser à un enfant qui n’arrive pas à s’adapter et se met à part pour continuer à « jouer » dans le monde qu’il s’est inventé afin de ne pas affronter une réalité qui lui est insupportable. C’est beau et émouvant et triste et désespéré.
???? « La famille Middlestein », de Jami Attenberg
Bienvenue chez les Middlestein, une famille au bord de la crise de nerfs depuis qu’Edie, la mère, risque d’y passer si elle ne prend pas au sérieux ses problèmes d’obésité. Le pompon ? Le père la quitte pour découvrir à soixante ans les affres du speed dating. Une trahison impardonnable pour leur célibataire de fille, un rebondissement que voudrait bien oublier le fils en fumant son joint quotidien, si sa femme ne s’était pas mis en tête de sauver Edie à grand renfort de Pilates et de Weight Watchers. Une question taraude toutefois les Middlestein : et s’ils étaient tous un peu responsables du sort d’Edie?
J’ai une passion pour les livres qui parlent des familles (en général), juives (en particulier) et de leurs (dys)fonctionnements. La famille Middlestein va imploser, entraînant le lecteur dans une ronde tout à la fois jubilatoire et tragique qui commence dans l’enfance d’Edie et se termine bien après son décès. Les chapitres courts sont bien rythmés quoi qu’assez inégaux dans leurs constructions, le style, lui, est simple et sans prétention. Bonne lecture !