Quelques brèves de Fabienne
S50 – 12 au 18 décembre 2022
Un peu de culture dans ce monde de brutes.
???????? « La nuit du 12 » de Dominik Moll avec Bastien Bouillon, Bouli Lanners, Théo Cholbi, Anouk Grinberg…
À la PJ chaque enquêteur tombe un jour ou l’autre sur un crime qu’il n’arrive pas à résoudre et qui le hante. Pour Yohan c’est le meurtre de Clara. Les interrogatoires se succèdent, les suspects ne manquent pas, et les doutes de Yohan ne cessent de grandir. Une seule chose est certaine, le crime a eu lieu la nuit du 12.
Voici le récit bouleversant d’une enquête qui ne trouvera pas son coupable. C’est avec une maîtrise absolue de la noirceur, de la mélancolie et de la difficulté d’être un flic de PJ que Moll nous entraine vers une enquête qui n’a pas fini, à l’instar du chef de groupe, de nous hanter. Ce film questionne sur la place des femmes dans la société, sur les violences qui leur sont faites. Au milieu de ce chaos, Anouk Grinberg (mais les réalisateurs vous avez quoi à la place des yeux ? Faites la tourner bon dieu !!!) est magistrale. La petite bouffée d’oxygène qu’elle insuffle à l’enquête est de toute beauté. Bouli Lanners joue les désabusés à merveille. Quant à Bastien Bouillon, il vient d’être nommé pour les Cesar 2023, alors que Mouna Soualem est la révélation du film, selon moi. La nuit de la planque est sans doute une des plus belles scènes du film. Coup de 
!!
!!????????« Peter von Kant » de François Ozon avec Denis Ménochet, Isabelle Adjani, Khalil Gharbia…
Peter Von Kant, célèbre réalisateur à succès, habite avec son assistant Karl, qu’il se plaît à maltraiter et à humilier. Grâce à la grande actrice Sidonie, il rencontre et s’éprend d’Amir, un beau jeune homme d’origine modeste. Il lui propose de partager son appartement et de bénéficier de ses appuis pour se lancer dans le cinéma.
Ozon adapte à sa manière « Les Larmes amères » de Petra von Kant en transformant la créatrice de mode en un réalisateur auréolé de succès. L’objet du désir n’est plus une fausse ingénue qui veut devenir modèle mais un magnifique jeune homme qui se rêve comédien. Neuf mois plus tard, le cauchemar de cette relation se révèle au grand jour. L’éphèbe trompe son mentor et un climat hostile s’installe. Plaisir de revoir Adjani et jolie découverte que les deux jeunes hommes du film, le taiseux et le volubile. Pas fan mais à voir quand même, je pense.
???? « Five days at mémorial » de Carlton Cuze et John Ridley avec Vera Farmiga, Cherry Jones, Cornelius Smith Jr, Robert Pine… 8 X 52’ Apple TV+ 
Après le dévastateur passage de l’ouragan Katrina en 2005, voici la chronique des 5 jours qui ont suivi cette catastrophe naturelle. Dans un hôpital de la Nouvelle-Orléans, entre la montée des eaux, l’électricité coupée, la chaleur étouffante et moite, les soignants épuisés vont devoir prendre des décisions de vie et de mort sur autrui…
Je suis très mitigée. Ce que j’ai aimé : le fait que la série s’intéresse à ce drame qui a ravagé la Lousianne, la Nouvelle-Orléans et Bâton Rouge en particulier, la promesse d’un beau casting mais… le réalisateur ne prend aucun parti (contrairement à « Staircase », ce qui m’avait beaucoup plu), ne fait que dérouler les faits sans essayer d’analyser (nous sommes 17 ans après quand même). Le plus terrifiant dans tout ça, c’est que si cela se reproduit, la population sera à nouveau à la merci des éléments. Aux EU plus qu’ailleurs, mais c’est en train de changer dans le mauvais sens en Europe. En clair et sans spoiler, cela raconte toujours qu’il vaut mieux être : blanc, riche et en bonne santé !
???? « Notre langue aux chats » d’Andy Mitchell, Netflix
Dans ce documentaire captivant et attendrissant, des experts analysent le comportement des chats pour dévoiler les véritables capacités de ces félins toujours à l’affût.
Si vous êtes un / une dingue des chats, vous n’apprendrez pas grand chose de nouveau (sur leur caractère, leurs comportements et leurs habitudes) si ce n’est le nom des experts félins venus du Japon et des Etats-Unis, puisque la science s’intéresse depuis maintenant quelques années aux chats (avec près de 15 ans de retard sur l’étude des chiens). En revanche c’est toujours génial et apaisant et fascinant de voir évoluer ces créatures extraordinaires ! 
???? « Effondrement », de Jared Manson Diamond
Au rythme actuel de la croissance démographique, et particulièrement de l’augmentation des besoins économiques, de santé et en énergie, les sociétés contemporaines pourront-elles survivre demain ? La réponse se construit à partir d’un tour du monde dans l’espace et dans le temps – depuis les sociétés disparues du passé (les îles de Pâques, de Pitcairn et d’Henderson ; les Indiens mimbres et anasazis du sud-ouest des États-Unis ; les sociétés moche et inca ; les colonies vikings du Groenland) jusqu’aux sociétés fragilisées d’aujourd’hui (Rwanda, Haïti, Saint-Domingue, la Chine, le Montana et l’Australie) en passant par les sociétés qui surent, à un moment donné, enrayer leur effondrement (la Nouvelle-Guinée, Tikopia et le Japon de l’ère Tokugawa). De cette étude comparée, et sans pareille, Jared Diamond conclut qu’il n’existe aucun cas dans lequel l’effondrement d’une société ne serait attribuable qu’aux seuls dommages écologiques. Plusieurs facteurs, au nombre de cinq, entrent toujours potentiellement en jeu : des dommages environnementaux ; un changement climatique ; des voisins hostiles ; des rapports de dépendance avec des partenaires commerciaux ; les réponses apportées par une société, selon ses valeurs propres, à ces problèmes. Cette complexité des facteurs permet de croire qu’il n’y a rien d’inéluctable aujourd’hui dans la course accélérée à la dégradation globalisée de l’environnement.
Ce livre est un essai paru en 2005 et traduit en français en 2006. Il s’inscrit dans la lignée de De l’inégalité parmi les sociétés paru en 1997 et traduit en français en 2000 (du même auteur).
Essayez d’être mentalement solides en lisant ce titre parce que, comme son nom l’indique et comme ce que nous vivons depuis quelques années maintenant (l’essai a 17 ans et le « train fou » est malheureusement déjà lancé sans possibilité de freinage ou de marche arrière) cela ne va pas en s’arrangeant. Mon cursus d’historienne m’aide sans doute (des fins de civilisations, on en a étudié quelques unes depuis que le monde est monde) et mon tempérament aussi (celui de garder mes ennemis encore plus près que mes amis) m’autorise à anticiper un peu (plus ?) et à garder les yeux grands ouverts mais c’est dur ! Armons-nous de courage, réveillons-nous, arrêtons de croire tout ce qu’on nous oblige à gober au nom d’une doxa imposée, indignons-nous, résistons et désobéissons, surtout ! Le reste n’est, hélas, que de la littérature…