Quelques brèves de Fabienne
S13 – 28 mars au 3 avril 2022
Un peu de culture dans ce monde de brutes.
???????? « La méthode Williams » de Reinaldo Marcus Green avec Will Smith, Aunjanue Ellis, Saniyya Sidney…
Début des 90’s à Compton, dans la banlieue noire de LA. Un père de famille a un plan qu’il écrit en 78 pages, dès avant la naissance de 2 de ses 5 filles : faire de Venus et Serena les plus grandes championnes de tennis ! Mais comment faire lorsqu’on n’a aucune expérience dans le milieu sportif, et qu’on enchaîne plusieurs jobs pour subvenir aux besoins de sa famille ? C’est le point de départ de La Méthode Williams !
Une interprétation habitée de Will Smith (dont les films me laissent habituellement indifférente) pour cette American Success Story menée aussi rondement qu’une petite balle jaune . L’histoire de cette famille est fascinante. Je me suis laissée embarquer par ce drama-sportif dont on connaît pourtant l’issue et l’immense palmarès des deux plus grandes joueuses de tennis du monde tant par leurs résultats, que par leurs gains et leurs longévité sur le court. Coup de pour moi !
Plus personne n’est sans savoir que Will Smith a remporté l’Oscar du meilleur acteur il y a quelques jours. Et depuis, tout le monde a un avis, non pas sur sa prestation, (3/4 des gens n’ont même pas vu le film), mais sur la « fameuse gifle » qu’il administre à Chris Rock. Cela a aussi permis aux gens, et en tant qu’auteure je m’en réjouis, d’apprendre un nouveau mot de plus de deux syllabes : « alopécie » (d’ici à ce qu’ils retiennent « Comb Over » -on aura le mal et le remède !), comme précédemment avec « Consentement », « Gratitude » ou « Complotisme »… ce monde est merveilleux !
Comme il est coutume de le faire depuis presque 3 ans, on vous demande de choisir un camp ! Ce que je refuse de faire.
Je suis historienne de formation, rien n’est blanc ou noir dans la vie. La nuance est importante.
Je suis aussi une passionnée d’images et du décodage / décryptage de celles-ci (comme par exemple le non verbal, les postures et les montages) pour qu’elles collent absolument au narratif.
Je vais donc juste écrire 3-4 choses ici :
1 / la prestation de Will Smith vaut son Oscar (et seul pour moi, cette année, Denzel Washington pouvait le battre avec McBeth [cf une précédente semaine culturelle]. Je le dis d’autant plus facilement que j’ai vu Cumberbatch et Bardem aussi dans leurs films respectifs. Me manque juste celui de Garfield qui n’est pas encore sorti ici)…
2/ celles et ceux qui s’emballent sur « la baffe », ont-ils bien vu toutes les images ? Car oui, il y a un montage ! Qui a vu les quelques secondes (diffusées seulement sur certains supports) où Smith rit de la blague de Rock. Puis il se tourne vers Jada qui réagit (mal) et il voit le visage de cette dernière qui se décompose ?
3/ qui, en France, fait le lien avec les énormes tensions aujourd’hui aux States, en particulier dans les états suprématistes (comme la Floride) où les mâles blancs cisgenrés s’attaquent aux « coiffures afro » comme étant un signe extérieur « politique » et ostentatoire d’appartenance à, je cite « leurs origines non américaines » ? (Il y aurait un mouvement discriminatoire capillaire qui tendrait à faire fermer les salons de coiffure spécialisés : coupes rasta, afro, dreadlocks… auquel s’oppose un mouvement activiste). Bref, ceci pour dire qu’être « POUR » ou « CONTRE » n’est pas très productif.
4/ j’ajoute ici que « la blague » était plutôt au départ (enfin je l’analyse comme tel) tourné comme un « compliment » dans le sketch de ce benêt de Rock. Quelle actrice afro a eu un rôle aussi puissant (dans une distribution blanche) que celui de Demi Moore dans « GI Jane », qu’on aime ou pas ? Quand je vois que Halle Berry est obligée de s’écrire elle-même un rôle titre et de produire son propre film sur Netflix (dont j’ai parlé aussi dans une précédente semaine culturelle) pour être cette femme noire de plus de 50 ans, forte, combattante et physique…
Maintenant, à titre personnel, je continuerai toujours à penser que s’attaquer à l’apparence des gens, ne fait pas montre d’une grande intelligence, c’est mon point de vue et il n’engage que moi.
Je ne suis pas noire, pas « directement concernée par cette histoire » dont je ne connais pas grand chose mais, si même la communauté afro-américaine (certains défendent Smith, d’autres le conspuent) se divise sur la question, nous sommes en droit, ou plutôt nous devrions émettre des réserves, non ?
-> alors oui, la violence n’a jamais rien résolu et est condamnable. Oui, malheureusement, son « coup de sang » entachera à jamais la suite sa carrière. Mais peut-être, je dis bien peut-être, que Will Smith est dépressif ? Peut-être, j’ajoute, encore peut-être, qu’avoir une vie personnelle et sexuelle « vissée » (ils ne sont pas les seuls) par la scientologie commence à peser sur ce couple ? Qu’importe, ce n’est pas ma vie, ni même la vôtre.
Si on allait au cinéma plutôt ?
???? « After Life » de et avec Ricky Gervais, Kerry Godliman, Penelope Wilton, Ashley Jensen, Tony Way… S3 6X 28’
Cette saison verra Tony « toujours aux prises avec un immense chagrin suite au décès de sa femme. Il commence à réaliser que, faire en sorte que les autres se sentent bien, est ce qui peut lui donner de l’espoir et une raison de vivre. Après tout, chaque fin est un nouveau départ… »
Une petite pépite qui vous tirera quelques larmes. L’ultime saison est encore plus réussie que les précédentes pour moi. Coup de absolu pour le sujet, le casting 5 et le talent de raconteur de Ricky Gervais.
« Jim & Andy » de Chris Smith avec Jim Carrey, Danny DeVito, Milos Forman… Netflix
Behind the curve de Daniel J. Clark Netflix
On estime à près de 10 % le part de la population américaine qui pense que la planète est en réalité un disque, sous un dôme. Un physicien décide de réaliser un film sur leurs croyances, leurs expériences et leur communauté. Une œuvre qui donne aussi des pistes pour enrayer le conspirationnisme.
Découvrez une communauté mondiale grandissante de théoriciens qui pensent que la Terre est plate dans une société qui rejette violemment cette croyance. Ce que je trouve fascinant c’est de voir comment « les platistes » se construisent dans la réalité et les luttes intestines entre leurs deux « chefs » Math Powerland, Jeran ou encore Mark Sargent. Entrecoupés d’ITW de psy, spécialistes, personnel de la NASA j’y ai découvert l’effet Dunning-Kruger, un processus psychologique qui veut qu’une personne qui ne maîtrise pas bien un sujet aura tendance à croire qu’elle est très compétente (on en connaît tous et ils se sont et continuent à beaucoup s’exprimer). C’est donc l’exact contraire du syndrome de l’imposteur.
Voici un article RTBF, bien fichu, pour vous éclairer sur les théories platistes et ses rouages.
???? « La maison où je suis mort » de Keigo Higashino
Sayaka Kurahashi va mal. Mariée à un homme d’affaires absent, mère d’une fillette qu’elle maltraite, elle a déjà tenté de mettre fin à ses jours. Et puis il y a cette étonnante amnésie : elle n’a aucun souvenir avant l’âge de cinq ans. Quand, à la mort de son père, elle reçoit une enveloppe contenant une énigmatique clef à tête de lion et un plan sommaire conduisant à une bâtisse isolée dans les montagnes, elle se dit que la maison recèle peut-être le secret de son mal-être et décide de s’y rendre, en compagnie de son petit ami. Ils découvrent une construction apparemment abandonnée, où toutes les horloges sont arrêtées à la même heure. Dans une chambre d’enfant, ils trouvent le journal intime d’un petit garçon et comprennent peu à peu que cette inquiétante demeure a été le théâtre d’événements tragiques…
Ce court roman très court… parle de silences, de non-dits et des traumatismes de l’enfance qui accompagnent l’adulte encore et toujours. Et du travail remarquable du cerveau empêcher le « re-souvenir » terme utilisé en psychogénéalogie… ici il faut ajouter également la dimension japonaise et tous les rituels liés aux morts. Sujet qui me passionne. À (re)lire et coup de pour moi.