Quelques brèves de Fabienne
S29 – 19 au 25 juillet 2021
Un peu de culture dans ce monde de brutes.
« Falling », de et avec Viggo Mortensen, Lance Enriksen, Hannah Gross, Laura Linney…
John Peterson vit avec son mari Eric à Los Angeles. Son père Willis, conservateur et homophobe, étant atteint de démence, John le récupère dans la ferme familiale et le recueille chez lui et son mari, le temps de lui trouver une maison de retraite. Mais Willis ne l’entend pas de cette oreille : entre ses délires, ses vivaces souvenirs de jeunesse qui surgissent à l’improviste, son langage vert et l’inhibition de parole dont il fait preuve, toute la famille va subir les frasques du vieil homme avec une infinie patience. Un portrait des relations familiales à la fois dur, tendre et drôle : c’est aussi une quête pour l’amour d’un père qui ne sait pas aimer.
Encore un film sur la figure paternelle. Encore un film sur la démence sénile. L’odyssée tragique d’une famille « ordinaire » et plus particulièrement d’un père et d’un fis qui ne se sont jamais « rencontrés » et a fortiori aimés. Un premier film avec des défauts bien sûr mais terriblement attachant. Et on sent, à chaque plan, l’engagement et l’implication de Mortensen sur ce sujet délicat… À voir.
À voir ou à revoir :
???? « Dans les angles morts », de Shari Springer Berman et Robert Pulcin avec Amanda Seyfried, James Norton, Natalia Dyer… Netflix 2021
Un jeune couple, Catherine et George Clare, quitte Manhattan pour s’installer dans une ancienne ferme dans un hameau historique de la vallée de l’Hudson. Mais très vite, ils découvrent des choses qui se passent dans leur nouvelle maison. De plus, cela semble avoir des effets sur leur relation. Catherine découvre peu à peu l’histoire de cette maison et l’homme à qui elle est mariée…
Estampillé horreur, ce film est plutôt « fantastique » selon moi. Comme très souvent, lorsque le sujet est traité, nous avons affaire à un couple de citadins qui vient s’installer à la campagne ayant découvert une maison qui leur plaît, enfin au mari surtout. Comme à chaque fois, il s’y est passé un drame et comme à l’accoutumée celui-ci va révéler les vrais personnalités des protagonistes. Sans révolutionner le genre donc, on se laisse toutefois embarquer par cette histoire. Mon regret les 3 minutes de la fin. Dommage !
Il s’agit de l’adaptation du roman Dans les angles morts (All Things Cease to Appear) d’Elizabeth Brundage.
???? « Them » de Little Marvin avec Deborah Ayorinde, Ashley Thomas et Alison Pill… 10 X 50’ Amazon Prime
Covenant. 1953. Henry et Lucky Emory, un couple d’Afro-Américains, décident de déménager avec leurs deux filles de la Caroline du Nord à un quartier résidentiel entièrement blanc de Los Angeles. La maison située dans une rue idyllique devient le théâtre de phénomènes surnaturels inquiétants alors que des forces maléfiques se mettent peu à peu à les détruire…
Ce qui aurait pu être une parfaite série étouffante et oppressante (la menace permanente qui pèse sur une famille noire dans l’Amérique WASP bien pensante) perd, à mon sens, en force quand des manifestations surnaturelles et des créatures cauchemardesques qui refusent de rester dans l’ombre, s’invitent à l’image. Je suis passée à côté de cette « expérience sensorielle ». Pourtant tout est réussi : de la narration à la réalisation, de la direction des comédiens à la photo… à vous de vous faire votre opinion.
« Santa Barbara » est un feuilleton télévisé américain créé par Bridget et Jerome Dobson avec Marcy Walker, A. Martinez, Robin Wright, Lane Davis, Dane Witherspoon (feu le frère de…), Jed Allen, Louise Sorel…
9 saisons. 2137 X 45 minutes. Il a été diffusé entre le 30 juillet 1984 et le 15 janvier 1993 sur le réseau NBC
En tout, 1288 épisodes ont été doublés. En France, le feuilleton a été diffusé par demi-épisode d’une vingtaine de minutes du 14 octobre 1985 au 21 septembre 1992 sur TF1. Puis sous son format original de 45 minutes du 22 septembre 1992 au 2 octobre 1992. Puis à nouveau par demi-épisode de 22 minutes du 5 octobre 1992 au 24 juin 1994.
Le feuilleton raconte les mésaventures au long cours de plusieurs familles californiennes, qui ont entre elles des liens puissants de haine, d’affection ou de désir de vengeance.
La série met spécialement en scène deux familles opposées l’une à l’autre. Plus précisément, une rivalité ancienne et profonde existe entre les deux « chefs de famille » Channing Capwell (père) et Lionel Lockridge, dans la mesure où ces deux hommes ont aimé tour à tour la même femme, Sophia, qui a trompé son mari C.C. Capwell avec Lionel Lockridge.
Le violent conflit opposant deux familles est, au demeurant, un ressort bien connu de l’élément dramatique, et fait notamment penser à l’opposition des Capulet et des Montaigu chez Shakespeare, et peu de temps avant la sortie de Santa Barbara, à la série Dallas opposant les Ewing aux Barnes et à la série Dynastie opposant les Carrington aux Colby.
C’était compliqué le rapport à la télé chez les Blanchut à cette période ! Tous mes copains regardaient Santa Barbara et en parlaient dans la cour de récré et moi, je n’avais pas le droit ou ne pouvais pas regarder (je n’ai pas souvenir d’avoir vu un seul épisode en entier) car comme par hasard on mangeait à ce moment ou je devais mettre ou débarrasser la table, bref mes parents s’arrangeait toujours pour que je ne puisse pas voir ce feuilleton. Quoiqu’il en soit quand je pouvais, partout ailleurs, je me régalais des drames qui secouaient les familles Capwell et Lockridge. Je suis tombée éperdument amoureuse du couple formé par Éden et Cruz.
Bon, c’est in-regardable aujourd’hui, avec les comédiens qui changent au gré des saisons, ils jouent tous comme des savates, on ne va pas se mentir mais c’était LE FEUILLETON de mes années ados. Et puis, a su tirer son épingle du jeu la formidable Robin Wright que j’adore et qui n’a jamais était aussi belle que dirigée par Anne Fontaine dans « Perfect Mothers ». Et enfin, pour aller plus loin, ça m’avait échappé à l’époque mais Leonardo Di Caprio a joué Mason Capwell jeune… comme quoi !
Ah et je termine quand même avec ce générique qu’on a tous beuglé à tue-tête : « Santa Barbara qui me dira… pourquoi, j’ai le mal de vivre-e » … de rien, c’est cadeau
???? « Un livre de martyrs américains » de Joyce Carol Oates, Philippe Rey, 2019
2 novembre 1999. Luther Dunphy prend la route du Centre des femmes d’une petite ville de l’Ohio et, se sentant investi de la mission de soldat de Dieu, tire à bout portant sur le Dr Augustus Voorhees, l’un des » médecins avorteurs » du centre.
De façon éblouissante, Joyce Carol Oates dévoile les mécanismes qui ont mené à cet acte meurtrier : Luther Dunphy est à la fois un père rongé par la culpabilité car responsable de l’accident qui a causé la mort d’une de ses filles, et un mari démuni face à la dépression de sa femme. Pour ne pas sombrer, il se raccroche à son église où il fait la rencontre décisive du professeur Wohlman, activiste anti-avortement chez qui il croit entendre la voix de Dieu. Comme un sens enfin donné à sa vie, il se sent lui aussi chargé de défendre les enfants à naître, peu importe le prix à payer. Dans un camp comme dans l’autre, chacun est convaincu du bien-fondé de ses actions. Mené par des idéaux humanistes, Augustus Voorhees, le docteur assassiné, a consacré sa vie entière à la défense du droit des femmes à disposer de leur corps. Les morts de Luther et d’Augustus laissent derrière eux femmes et enfants, en première ligne du virulent débat américain sur l’avortement. En particulier les filles des deux hommes, Naomi Voorhees et Dawn Dunphy, obsédées par la mémoire de leurs pères.
Ce que j’aime avant tout chez Oates c’est qu’elle ne cesse d’explorer et de sonder l’Amérique. Contrairement à l’immense majorité des auteurs, elle n’écrit jamais le même livre. Ici, peut être plus encore que dans ses romans précédents, elle nous offre une lecture binaire « pro-vie » ou « pro-choix ». C’est aussi une histoire d’amour entre les filles et leurs pères, les mères étant d’un côté comme de l’autre démissionnaires. Une phrase m’a marquée : « un martyr est presque toujours un suicidaire ». C’est une lecture exigeante et vous devez savoir que vous vous embarquez pour 900 pages. Mais lisez ce roman ! Lisez Oates !
Coup de