Pour que rien ne s’efface – Catherine Locandro
Que reste-t-il de nous quand nous disparaissons ? Dans ce magnifique roman choral, Catherine Locandro dresse le portrait émouvant d’une femme oubliée.
Éditeur : Éditions Héloïse d’Ormesson
Nombre de pages : 208
Parution : Janvier 2017
Prix : 18 €
Versions ebook et poche disponibles
Que reste-t-il de nous quand nous disparaissons ?
Un fait divers malheureusement banal : une femme d’une soixantaine d’années est retrouvée morte dans une chambre de bonne parisienne, son décès datant d’un peu plus de deux mois. Qui était-elle, cette femme vêtue d’un tailleur Chanel, morte dans l’indifférence générale et un dénuement quasi total, avec éparpillées autour d’elle des photos et coupures de presse portant sur une certaine Lila Beaulieu ?
Dans ce magnifique roman choral au style très cinématographique, Catherine Locandro dresse le portrait de Lila à travers la vision de douze personnages qui ont croisé sa route à un moment de sa vie.
À 19 ans, Liliane Garcia n’avait qu’une envie, quitter le salon de coiffure de sa mère près de Cannes et tenter sa chance dans le milieu du cinéma. Un réalisateur tomba rapidement sous son charme et le succès fut au rendez-vous, immédiatement, avec un film unique, Chambre obscure. Titre prémonitoire ? Quelle ironie du sort tout de même au regard de sa mort tragique…
La suite de la vie de Lila ne fut qu’une longue chute, plus ou moins lente, mais inéluctable, la conduisant vers cette mort sordide. Comment a-t-elle pu en arriver là ? C’est ce mystère que l’auteur cherche à percer, en faisant se confronter les visions qu’avaient d’elle toutes les personnes l’ayant côtoyée de plus ou moins près : son ex-mari, sa fille, sa petite-fille, son ami, son agent …
Par une habile construction littéraire qui nous conduit à passer rapidement d’un chapitre à un autre, l’émotion à fleur de page, Catherine Locandro nous amène à découvrir par petites touches qui fut Lila Beaulieu. Elle fut ainsi avant tout une femme au magnétisme incroyable, irrésistible, forte en apparence, mais dissimulant une fragilité et une sensibilité à vif qui auront eu finalement raison d’elle. En la découvrant peu à peu, on est profondément ému par un sentiment d’immense gâchis : elle qui avait tant, comment a-t-elle pu s’éteindre ainsi ?
« La vie [est] courte, mais aussi terriblement longue. Elle vous [donne] le loisir de multiplier les erreurs, et vous [laisse] si peu de temps pour les réparer »
pense l’un des personnages du roman. Tellement vrai…
Peut-on réellement échapper à son destin ? Rien n’est moins sûr à observer la vie de Lila. Néanmoins, elle qui aspirait tant à être célèbre et qui a disparu ignorée de tous, aura marqué son entourage et laissé derrière elle une empreinte indélébile. Ce qu’il reste d’elle au bout du compte, des souvenirs forts, des photos, un film, une page facebook et un magnifique roman qui saura vous aussi vous envouter ! Pour que rien ne s’efface…
©️David Ignaszewski
À propos de l’auteur
Née à Nice en 1973, Catherine Locandro vit aujourd’hui à Bruxelles. Son premier roman, Clara la nuit (2004) a reçu le prix René Fallet. Cette scénariste – primée en 1997 pour L’Amour est à réinventer, dix histoires d’amour au temps du sida – a publié Sœurs (2005), Les Anges déçus (2007), Face au Pacifique (2009), L’Enfant de Calabre (2013), L’Histoire d’un amour (2014). Son dernier roman, Des cœurs ordinaires, a paru aux Éditions Gallimard en février 2019.
Le site de Catherine Locandro.
Quelques pages en extrait du livre….