La plus précieuse des marchandises

 

 

Michel Hazanavicius met en images le conte imaginé par Jean-Claude Grumberg: une mise en lumière de Justes. Coup de cœur !

 

Éditeur : Seuil

Nombre de pages : 128

Parution : 2019

Une voix qui vous saisit dès le début du film et vous cloue à votre fauteuil, celle de Jean-Louis Trintignant, reconnaissable parmi toutes, son dernier rôle. Il est le narrateur du film animé de Michel Hazanavicius « La plus précieuse des marchandises ».

Le réalisateur des deux premiers « OSS 117 » ou encore de «The Artist», multi récompensé, se révèle ici dans une nouvelle forme de création en mettant en images le conte imaginé par Jean-Claude Grumberg publié en 2019 au Seuil. S’il dessine depuis l’âge de 10 ans, il n’avait jusqu’alors jamais pensé à réaliser un animé. Mais la rencontre avec ce livre l’a décidé à se lancer, pour le plus grand bonheur des spectateurs. De passage à Genève pour présenter son film, celui dont une tribune marquante parue dans le Monde en août dernier était intitulée « Pourquoi j’ai le sentiment que les juifs sont les ennemis les plus cool à détester ? » se dit avoir été frappé par la force de cette histoire et par sa forme « élégante et délicate », accessible aux plus jeunes. Le format dessiné lui permettait en effet d’évoquer la Shoah auprès notamment des enfants, en étant sincère sans pour autant les traumatiser, grâce à la création d’archétypes.

L’histoire met en scène un couple de bûcherons vivant dans un grand bois en Pologne alors qu’une guerre mondiale sévit. Ils sont pauvres, souffrent de faim et de froid. Mais leur vie bascule lorsqu’un nourrisson est jeté de l’un des nombreux trains circulant en continu le long de la forêt. La femme recueille cette « si précieuse marchandise » contre l’avis de son époux ne voyant en l’enfant qu’une créature repoussante, jusqu’à ce que posant sa main sur lui, il sente son petit cœur battre, à l’unisson du sien. « Les sans-cœur ont un cœur » hurle t-il alors à la face de tous ceux le niant, au péril de sa propre vie.

C’est un père désespéré qui avait tenté de conjurer le sort et éviter le pire à son enfant en s’en séparant ainsi. Michel Hazanavicius nous transporte alors au cœur de l’un des wagons où sont entassées de pauvres âmes destinées à périr dans les camps où l’on retrouvera ce père après des années passées au cœur de l’enfer. En mettant ainsi en lumière des Justes – le bûcheron et la bûcheronne, et encore une gueule cassée qui viendra protéger l’enfant – le réalisateur invite chacun à s’interroger sur ses choix, une réflexion indispensable alors que les derniers témoins s’éteignent, et un film merveilleux. Sur les écrans dès le 20 novembre, avec les voix de Dominique Blanc, Grégory Gadebois, Denis Podalydès, Jean-Louis Trintignant.

© Alexandra Fleurantin/Les Arcs Film Festival

A propos de l’auteur

Michel Hazanavicius est né en 1967 à Paris. Après des débuts à la télévision, il réalise son premier long-métrage, Mes amis, en 1999, où il dirige son frère, Serge Hazanavicius. Réalisateur de OSS 117: Le Caire, nid d’espions, pastiche des films d’espionnage, notamment de James Bond, puis de OSS 117: Rio ne répond plus, qui totalise 2,5 millions d’entrées. Porté par le succès, Michel Hazanavicius réalise un film audacieux, entièrement muet en noir et blanc : The Artist. Enorme succès et plus de 100 récompenses dont le British Academy Film Award du meilleur film, du meilleur scénario et du meilleur réalisateur, le César du meilleur film et du meilleur réalisateur et les Oscars du meilleur film et du meilleur réalisateur. Michel Hazanavicius devient, neuf ans après Roman Polanski, le second réalisateur français à gagner cette dernière récompense.

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