La Part des flammes – Gaëlle Nohant

Le 4 mai 1897 partait en fumée le Bazar de la Charité où périrent plus de 130 victimes, essentiellement des femmes. Gaëlle Nohant s’attache au destin de trois femmes liées à tout jamais liées par cette catastrophe. Un savant dosage entre histoire et fiction, servi par des qualités littéraires impressionnantes.

Éditeur : Editions Héloïse d’Ormesson

Nombre de pages : 496

Parution : mars 2015

Prix : 22 €

Versions ebook, poche et audio disponibles

Le financier Henri Blount eut l’idée, en 1895, de réunir en un seul lieu pendant un mois la plupart des œuvres de charité existantes et en faire ainsi, chaque année, l’un des rendez-vous incontournables du tout Paris. Ainsi naquit le Bazar de la Charité présidé par le Baron de Mackau : une vente caritative géante au profit des nécessiteux où les vendeuses étaient issues de la noblesse française. Cette belle idée vira malheureusement au drame le 4 mai 1897 lorsque le Bazar alors installé rue Jean-Goujon à Paris (tout près des Champs-Elysées), fut totalement réduit en cendres en quelques minutes par un énorme incendie, prenant au piège les personnes qui se trouvaient à l’intérieur. 123 femmes et 9 hommes périrent ainsi dans les flammes, et les victimes traumatisées, brulées, défigurées furent nombreuses.

Un fait divers terrible, au ressort romanesque puissant !

©️Roger-Viollet

« Dans ce monde, il n’est pas de bonheur possible. Le croire est une illusion ».

Ainsi s’exprimait Sophie-Charlotte de Bavière, duchesse d’Alençon, sœur cadette de l’impératrice Sissi. Elle était l’une des responsables du Bazar en charge du comptoir n° 4, personnage solaire et douée de bonté dont tous souhaitaient s’attirer les faveurs. Gaëlle Nohant retranscrit à merveille le Paris de l’époque, débutant son roman quelques jours avant l’ouverture de la vente. On assiste ainsi aux luttes d’influence entre ces dames de la Haute société rêvant de s’afficher derrière les comptoirs : alliances, coups bas, trahisons rythmant leur quotidien. C’est à deux femmes que Sophie d’Alançon accorda sa confiance pour assurer la vente à ses côtés : Violaine de Raezal, une comtesse éplorée par le décès de son mari bienaimé, et Constance d’Estingel, jeune fille venant de rompre brutalement ses fiançailles avec le ténébreux Lazlo de Nérac. Trois femmes aux forts caractères que l’incendie va lier à tout jamais.

Sophie d’Alençon

Gaëlle Nohant parvient à plonger le lecteur au cœur du drame, le faisant passer par toute une palette d’émotions, peur, joie, colère… On frémit au rythme de la progression de l’incendie parfaitement rendu, au sauvetage périlleux entrepris par certains, puis aux jours qui suivent où chacun recherche les siens, les soigne, les enterre ou les cache…  

« La part des flammes » procède ainsi d’un savant dosage entre histoire et fiction, servi par des qualités littéraires certaines affirmées par Gaëlle Nohant dès ce deuxième roman. Se révèle ainsi au fil des pages la société de l’époque, encore très patriarcale et machiste : mariages arrangés, internements forcés, duels sont bien de mise même si les prémisses d’un autre possible se dessinent.

Une auteur que j’avais découverte à travers son formidable roman « Légende d’un dormeur éveillé » consacré au poète Robert Desnos. Elle m’a à nouveau saisie ici. Une lecture enthousiasmante, que je vais poursuivre bien vite avec son nouveau roman tout juste paru, « La femme révélée » (Grasset).

© David Ignaszewski / Koboy

À propos de l’auteur

 

Née à Paris en 1973, Gaëlle Nohant se consacre à l’écriture depuis un peu plus de dix ans, inspirée notamment par Dickens et par les écrivains victoriens. Son deuxième roman, La Part des flammes paru aux Editions Héloïse d’Ormesson en 2015, après L’Ancre des rêves, en 2007 chez Robert Laffont, a connu un grand succès et a été récompensé par le Prix des Lecteurs du Livre de Poche 2016, et par le Prix du Livre France Bleu / Page des Libraires 2015. Légende d’un dormeur éveillé a quant à lui été primé par le Prix des libraires 2018.

Quelques pages en extrait du livre….
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