L’affaire Menendez
« La seule raison pour laquelle on fait ce film est à cause du mouvement TikTok pour la libération » des Menendez, conclut Pamela Bozanich, procureur du premier procès des frères Menendez dans le documentaire que leur consacre Netflix avec, en parallèle, une série fascinante sur la même affaire.
De quoi s’agit-il ? Imaginez la famille parfaite à Beverly Hills, années 80′. Un homme d’affaires d’origine cubaine qui a fait fortune, une maison de luxe, une jolie épouse, deux beaux enfants qui, devenus adultes, semblent bien partis pour suivre l’exemple de leurs parents. Jusqu’au drame un soir d’août 1989. Les deux frères les abattent violemment en tirant sur eux à bout portant. L’image glamour fait feu et la presse s’emballe. Après quelques mois, les garçons sont arrêtés, avouent leur crime et sont jugés. Un premier procès retransmis à la télévision ne permettra pas d’obtenir un jugement unanime. Il faudra attendre un deuxième procès pour que les frères soient condamnés à perpétuité. Leur motivation, fondée sur les violences subies et les agressions sexuelles commises par leur père des années durant n’aura pas permis d’atténuer leur peine.
Alors qu’en France, les condamnations à perpétuité ne sont jamais effectives (comme nous l’expliquait l’avocate Delphine Meillet à l’occasion de la libération de Jean-Claude Romand sur L’Apostrophée), il en va autrement outre-Atlantique et les frères Menendez ont déjà passé presque 35 ans derrière les barreaux. Est-ce la série «Monstres» qui dans cette deuxième saison après « L’histoire de Jeffrey Dahmer », a mobilisé les réseaux sociaux ou l’inverse comme le laisse entendre la procureur Bozanich, l’affaire rebondit aujourd’hui avec une possible libération conditionnelle des deux frères âgés désormais de 55 et 56 ans. Ryan Murphy, talentueux scénariste et réalisateur de la série, taxé de l’avoir instrumentalisée, revendique sa volonté d’avoir simplement voulu révéler l’enfance traumatisante des deux criminels, violés par leur père.
De nouvelles preuves des abus sexuels commis à leur égard et précédant le crime constitueraient un juste motif pour rouvrir le dossier selon un procureur californien qui a admis que la récente série les concernant avait poussé le parquet à reconsidérer cette affaire avec un œil neuf, dans un monde où le mouvement #MeToo a changé la perception des victimes d’agressions sexuelles.
Nouvelle audience prévue fin novembre 2024 qui pourrait aboutir à la tenue d’un troisième procès. Affaire à suivre…
Sur la série, n’hésitez pas à aller lire ce qu’en pense Nicolas Mathieu sur son compte Insta : brillant, évidemment ! Si vous hésitiez encore à la regarder, vous ne résisterez pas longtemps !