Il n’y a pas de honte à préférer le bonheur – Noha Baz
Un titre aux airs de feel good (emprunté à Camus !) mais ici, point de guimauve et de bons sentiments : du bonheur à l’état pur, celui que l’on choisit et dont on décide de faire sa philosophie de vie. Ce livre m’a profondément émue, mettant en perspective tout ce qui constitue la femme extraordinaire et solaire qu’est Noha Baz.
Éditeur : Alisio ; Préface d’Olivia de Lamberterie
Nombre de pages : 160 ; Parution : octobre 2019
Prix : 16 € ; Version ebook disponible
Certaines rencontres vous cueillent, vous surprennent… d’autres, rares, s’imposent comme des évidences. Et celle avec Noha relève précisément de celles-ci. Il aura simplement fallu quelques mots d’Olivia de Lamberterie dans une chronique de Télématin pour que surgisse l’envie irrépressible de se plonger dans le livre que venait alors de publier Noha, « La recette d’où je viens » mais, surtout, celle de pouvoir rencontrer un jour cette femme qui me paraissait si exceptionnelle ! Et j’ai eu cette chance ????
Qui est Noha Baz ? Sans doute avant tout une pédiatre partageant sa vie entre Beyrouth et Paris où elle dispense ses soins experts. Touchée en plein cœur par les victimes de la guerre qui a sévi au Liban et qu’elle a été amenée à soigner, en particulier par le sort d’un enfant décédé faute par ses parents d’avoir pu payer les soins adéquats, elle a fondé il y a plus de vingt ans une association formidable, Les Petits Soleils. Grâce aux dons que Noha parvient à susciter, elle permet de fournir des soins gratuits aux enfants qui en ont besoin.
Passionnée par ailleurs de gastronomie, Noha cuisine depuis sa tendre enfance et a même suivi des cours dans ce domaine parallèlement à ceux de pédiatrie, achevant également un cursus universitaire en la matière ! Après avoir publié quelques livres de recettes qui sont en réalité bien plus que cela – « La gastronomie est clairement pour moi une rencontre entre le plaisir et l’histoire » –, et imprégnée de littérature depuis toute petite aussi, elle a fondé un prix littéraire, le prix Ziryab, destiné à récompenser un livre francophone de gastronomie ou de cuisine, mettant en valeur une histoire de tradition régionale, familiale ou culturelle…
Voilà ce que l’on savait de Noha Baz jusqu’à ce qu’elle publie « Il n’y a pas de honte à préférer le bonheur », une autobiographie originale, sous forme d’abécédaire. À chaque entrée, une thématique qui lui est chère. Ce livre m’a profondément émue, mettant en perspective tout ce qui constitue cette femme extraordinaire. Au-delà de ses talents évoqués, Noha apparaît ici douée pour le bonheur. Ne croyez pas pour autant que cet état soit inné ! Il procède au contraire d’un savoir-être, d’une conscience aiguë de ce que représente une vie et toujours de choix.
Ce qui marque à la lecture de ce livre empreint de parfums, de couleurs, de saveurs auxquels Noha se montre particulièrement sensible et glanés au Liban, en Syrie, en Suisse en France…, c’est sa cohérence. En dépit d’entrées différenciées, tout est lié et témoigne de la gourmandise de Noha. Aimer le beau, le savoureux, être curieux de tout ce qui nous entoure et l’enseigner, le transmettre à nos enfants, le cultiver, se recentrer sur l’essentiel, toujours. Quelle leçon de vie !
« Aimer, c’est donner, c’est partager, c’est rendre les autres heureux. Et pour cela, il faut commencer par s’aimer un peu soi-même afin de mieux aller vers les autres ».
Ne nous méprenons pas : tout n’a pas été simple pour Noha, loin de là. Elle livre dans ces pages, avec toujours infiniment de pudeur, les épreuves qu’elle a dû surmonter, la guerre et ses atrocités, le deuil (celui de Leila en particulier, si émouvant). Le bonheur ne tombe pas du ciel mais procède au contraire de véritables choix, d’une urgence de vivre et d’une générosité, où la culture permet toujours de s’élever. Faisons les bons !
L’ordonnance de joie prescrite par Noha, une feuille de route à suivre sans hésitation :
– se lever le matin en décidant de faire de sa journée une bonne journée ;
– zapper les infos (…) ;
– éviter de se plaindre sans arrêt de tout et surtout pour un rien ;
– sourire ;
– avoir de la gratitude ;
– bouger, multiplier les balades en plein air et prendre les escaliers le plus souvent possible ;
– éviter les gens négatifs qui trouvent un problème à chaque solution ;
– lire ;
– écouter de la musique ;
– cuisiner !
Noha à Genève – 3 décembre 2018
L’INTÉGRALITÉ DES DROITS D’AUTEUR DE CET OUVRAGE – COMME DES PRÉCÉDENTS – EST REVERSÉE À L’ASSOCIATION LES PETITS SOLEILS.