Entretien avec Julien Rampin
Julien Rampin s’est rapidement imposé dans la blogosphère littéraire en animant un compte Instagram devenu l’un des incontournables, non seulement pour ses suggestions de livres fort pertinentes, mais aussi pour ses stories : sourires et fous rires garantis !!! Il vient de publier son premier roman, Grandir un peu : une histoire touchante et bienveillante, à son image. Portrait.
Julie Vasa : L’envie d’écrire te tenaillait-elle depuis longtemps ?
Julien Rampin : Je crois que j’ai envie d’écrire depuis que je suis enfant. J’ai ébauché mon premier roman policier à huit ans. J’avais ça dans un coin de ma tête, un peu comme un leitmotiv du genre : « Quand je serai grand, j’écrirai un livre. ». Et puis un jour, on se lance sans savoir si on arrivera au bout de ce projet complètement fou !
J.V. : Le partage de ta passion littéraire via les réseaux et ton blog étaient-ils un préalable nécessaire au passage à l’écriture ?
J.R. : Je ne sais pas si on peut parler de préalable nécessaire mais dans mon cas, ça fait partie du chemin. La bienveillance des gens, à mon égard, m’a donné la confiance qui me manquait un peu. Et je me suis lancé ! Les réseaux sociaux, parfois, peuvent vraiment influencer de façon très positive notre existence si on prend ça de la bonne manière !
J.V. : As-tu sollicité de nombreux éditeurs ?
J.R. : En fait, non ! Je pense que je fais les choses à l’envers, j’ai sollicité très peu d’éditeurs, conscient de la difficulté à émerger dans la masse ! Je suis d’un naturel impatient et n’ayant pas envie d’attendre, je me suis lancé ! Je fais les choses de façon très sérieuse mais sans me prendre au sérieux ! L’avenir nous dira si un éditeur souhaite parier sur moi …
J.V. : Pourquoi avoir opté pour l’auto-édition ?
J.R. : Pour le choix, à tous les niveaux ! Et pour mon naturel pressé ! J’ai trouvé chez Librinova un accompagnement parfait pour ce projet. L’autoédition est un moyen d’aller à la rencontre des lecteurs. J’avais besoin de savoir si ce que j’avais à dire pouvait intéresser quelqu’un. Je suis donc très touché et émerveillé par les différents retours.
J.V. : Quels ont été tes premiers lecteurs ?
J.R. : J’ai choisi de faire lire la toute première version de ce roman à des personnes de confiance mais surtout prêtes à me dire leur vérité. Je ne cherchais pas la complaisance mais un vrai regard critique ! J’ai été servi ! Mais grâce à ces personnes, j’ai trouvé le courage de me lancer !
J.V. : De qui redoutais-tu le plus le retour ?
J.V. : A-t-il été compliqué de te révéler à travers un livre et t’exposer, passer du côté « auteur » tout en continuant à partager tes lectures ?
J.R. : En toute franchise, non, ce ne fut pas compliqué. Je suis blogueur littéraire, il paraît que c’est comme ça qu’on dit, mais surtout je suis un passionné. Si un jour, je ne retrouve pas cette flamme, ce bonheur de partager mes découvertes, j’arrêterai simplement. Pour moi, ce sont deux choses complètement différentes.
On est seul lorsqu’on écrit un roman, avec nos personnages, avec tout ce qui a envie de sortir du clavier alors que lorsque j’écris mes petits billets pour LA BIBLIOTHEQUE DE JUJU, je suis en famille ! C’est un échange permanent et tellement porteur.
J.V. : Comment l’idée de cette histoire est-elle née ?
M.C. : Au départ, je crois que j’avais besoin de dire au revoir à ma grand-mère qui est partie il y a quelques années, me laissant un vide. J’ai construit mon histoire autour du personnage de Raymonde qui lui ressemble énormément. L’histoire s’est bâtie autour d’elle. J’ai pu lui faire mes adieux et en même temps lui dire à quel point elle a changé ma vie. Elle sera la seule à ne pas me lire alors qu’elle a attendu ce livre pendant des années. C’est peut-être mon seul regret. Mais en même temps, je n’aurai pas pu l’écrire avant …
J.V. : Tout premier roman comporte bien souvent une part importante d’auto-fiction… Est-ce le cas de « Grandir un peu » ?
M.C. : Il y a, en effet, des passages inspirés de mon vécu. Ma petite sœur enterrait ses culottes au fond du jardin (Lili, si tu me lis, ne me remercie pas de dévoiler ainsi ton intimité !). J’ai « volé » des mots d’enfant également à ma filleule. Il y a des parts d’intime également mais le but n’est pas de savoir ce qui est vrai ou pas. C’est bel et bien une fiction et je n’ai pas été aussi durement frappé que mes personnages.
J.V. : Te retrouves-tu dans chacun de tes personnages et comment ?
M.C. : Je crois que je « parle » à travers chacun de mes personnages. Ils correspondent tous à une part de moi. Je laisse le lecteur deviner en quoi ils peuvent me ressembler …
J.V. : Les rapport entre les grands-parents et leurs petits-enfants semble te toucher particulièrement, non seulement dans ton roman dont la relation entre Raymonde et Lucas est la clé de voute, mais aussi dans tes coups de cœurs littéraires que l’on peut découvrir sur ta page Insta, La bibliothèque de Juju. Comment l’expliques-tu ?
M.C. : Comme je viens de l’évoquer, j’avais un rapport très fort avec ma grand-mère mais de manière plus générale, les personnes âgées me bouleversent. Mon chéri en rit souvent car je peux croiser une vieille dame dans le métro, un vieux monsieur au supermarché et avoir envie de les adopter ! Il doit y a voir une piste là pour une psychothérapie !
J.V. : Les chansons préférées de Jeanne sont-elles aussi les tiennes ?
J.R. : Pas forcément car personnellement je ne suis pas fou du tout de Céline Dion !
J.V. : La chanson qui te fait immanquablement te déhancher ?
M.C. : C’est l’heure des grandes révélations alors ! Tu ne le répètes à personne mais si je suis honnête, dès que j’entends TOUTES LES FEMMES DE TA VIE, des L5, je pars en chorégraphie ! (le mec vient de ruiner sa carrière d’écrivain).
J.V. : Celle que tu ne peux t’empêcher de chanter à haute voix en l’écoutant ?
J.R. : Il n’y en a pas qu’une mais quelques centaines en vérité ! Je chante toute la journée mais dans ma tête pour ne pas me faire interner tout de suite …
J.V. : Des chansons ou des livres, lesquels te permettent à tous les coups de traverser les épreuves et passer les caps difficiles ?
J.R. : Je ne peux choisir. Les deux font partie intégrante de ma vie. Je lis autant que j’écoute de chansons françaises. Si j’avais su chanter, j’aurais fait carrière dans les bals populaires ! Je crois que les livres, les chansons, sont universelles et intimes à la fois. Mais je suis sensible aux textes. Je crois que les écrivains, les paroliers sont des magiciens du quotidien. Et plus c’est populaire et plus je trouve ça fascinant.
J.V. : Un livre qui t’aurait « sauvé » ?
J.R : Je ne sais pas si on peut dire « sauvé » mais « accompagné » certainement, LE PETIT PRINCE. Lu et relu. J’y trouve, à chaque nouvelle lecture quelque chose de neuf, un souffle et d’infimes vérités …
J.V. : Et une chanson ?
M.C. : Il y a une chanson, oui. À une période de ma vie qui m’a remis debout. J’Y CROIS ENCORE de Lara Fabian. Le texte, encore une fois, m’a donné l’envie d’avancer, de continuer ! Je sais que ce n’est pas très intello, il aurait été de meilleur ton de répondre Brel ou Barbara mais j’assume mes élans de variétoche !
J.V. : As-tu déjà en tête d’autres idées de romans ?
J.R. : Le mois de janvier va être studieux pour moi en effet car je vais débuter l’écriture d’un deuxième roman qui me trotte dans la tête depuis quelques mois. Il sera question de mensonges, de livres et d’un vieux monsieur … On ne se refait pas !
J.V. : Tes trois derniers coups de cœur littéraires ?
J.R. : Alors, en 2019, le livre JOLIS, JOLIS MONSTRES de Julien Dufresne-Lamy m’a complétement chaviré ! Je suis tombé amoureux de MEME LES MECHANTS REVENT D’AMOUR de Anne-Gaëlle Huon pour sa tendresse et sa vérité. Et je viens de lire LES MAGNOLIAS de Florent Oiseau qui m’a carrément emballé et qui sort en janvier 2020, je vous en parle très vite !
J.V. : Les livres que tu attends le plus début 2020 ?
J.R. : Je suis dans l’attente du prochain Pierre Lemaître, qui fait partie de ces auteurs qui me fascinent littéralement ! Sinon, pour 2020, j’espère voir en librairie les prochains livres de Vincent Lahouze, Anne-Gaëlle Huon, Julien Dufresne-Lamy ou … Mince, il y en a trop en fait, je ne peux pas répondre ! ◾️