Entretien avec Camille et Julie Berthollet
Ce qui marque d’emblée quand on a la chance de rencontrer Julie et Camille Berthollet, ces deux jeunes prodiges, c’est leur joyeuse et touchante complicité. Deux sœurs franco-suisses tombées dans la marmite de la musique classique toutes petites ! Entretien réalisé pour le ELLE Suisse (décembre 2018).
Camille et Julie Berthollet : Elle est née lorsque nous étions très jeunes, à deux ans pour Julie lorsqu’elle a entendu un violon pour la première fois au Château d’Annecy et à trois ans pour Camille qui, elle, a flashé sur un violoncelle. Ces coups de cœur ne nous ont jamais quittées puisque ces instruments demeurent nos favoris alors même que nous en pratiquons plusieurs autres.
J.B. : Ils ont été très à l’écoute. En particulier me concernant : j’avais déjà deux années d’avance et étais sur le point de sauter une troisième classe. Nous avons pensé à l’école par correspondance.
C.B. : J’ai immédiatement suivi. Ce rythme nous a particulièrement convenu et nous a permis de pratiquer notre art autant que nous le souhaitions.
J.B. : Nos parents se sont régulièrement assurés que cet équilibre nous convenait. Et nous n’avons rencontré aucun problème de socialisation pour autant, avec toutes les activités parascolaires que nous pratiquions !
Camille & Julie Berthollet au Théâtre des Champs-Elysées – 2018
J.V. : Votre répertoire est très varié, preuve en est ce quatrième album. Qu’est-ce qui vous inspire ?
J.V. : Certaines de vos collaborations sont très surprenantes. Je pense notamment à MB14 (« Tous les mêmes ») ou à Madame Monsieur, « Merci ». Comment ces idées vous viennent-elles ?
C.&J.B. : Ce sont des rencontres qui permettent ces collaborations. MB14 a un talent incroyable. On a écouté son EP et on a adoré. La collaboration s’est faite naturellement, spontanément. Nous n’avons ni le même passé ni les mêmes études mais cela ne nous empêche pas d’échanger, bien au contraire. C’est ce qui fait notre force.
J.V. : Êtes-vous plus à l’aise avec un instrument plutôt qu’un autre ? Un style plutôt qu’un autre ?
C.B. : L’instrument phare de Julie est le violon…
J.B : …et celui de Camille le violoncelle ! Ce sont nos premiers amours. Mais on ne pourrait se limiter à ne jouer que de ceux-ci ou s’enfermer dans un style, on s’ennuierait. Je fais aussi du violon et du piano et il me serait impossible d’arrêter l’un des trois instruments. C’est enrichissant, on peut s’accompagner.
C.B : Oui, cela permet de composer, de faire énormément de choses sur scène, d’avoir un répertoire plus large. On détesterait nous ennuyer.
J.V. : En quoi la présente tournée est-elle particulière ?
C.&J.B. : Cette tournée va être différente. On l’enchaîne directement avec la tournée des albums précédents. On sera plus nombreux sur scène, souvent cinq, en ajoutant un batteur et un contrebassiste. La sonorité sera plus jazzy, plus cross over. Cette tournée portera bien sûr sur notre dernier album mais comportera aussi des touches classiques : on veut conserver notre base. On aimerait aussi beaucoup se remettre au chant sur cette tournée. On a à cœur de changer un peu d’univers, d’aller vers des choses plus modernes, qui nous ressemblent.
???? Justine Lephay
La rencontre a eu lieu début 2019, après l’interview !
J.V. : Certains artistes vous font-ils particulièrement vibrer ?
C.B. : Côté classique, je pense à Maxime Vengerov : il a une technique parfaite. On se souvient d’un récital, à Moscou en 2010 je crois : un pur génie ! On se dit souvent que la perfection n’existe pas mais après ce récital-là, on change d’avis ! C’est inspirant. On aime des choses assez contrastées. On passe du Schubert à Brassens avec énormément de plaisir !
Maxim Vengerov au Festival Luna Classics 2014 à Nyon en Suisse
C.B. : Julie lit énormément, et tellement vite !
J.B : Maman lit absolument toutes les publications romandes – et plein d’autres choses – et me fait sa sélection ! Sinon, je lis de tout. J’ai maintenant mes petites librairies à Paris où je trouve des BD, des romans, des romans graphiques, vraiment de tout.
J.B. : J’ai adoré « Sujet inconnu » de Loulou Robert, il est génial. Le dernier Jean Materne était bien aussi. J’ai également aimé « Reviens » de Samuel Benchetrit.
C.B. : On va aussi énormément aussi cinéma, plusieurs fois par semaine.
J.B. : D’ailleurs, on a déjà joué avec des lectures de textes. Je pense au slam avec Insa. Cela nous a donné envie d’autres choses.
C.B. : On peut jouer avec des danseurs aussi. Ce que l’on aime, c’est marier les univers.
Elle suisse – 15 mars 2019