Stella et l’Amérique – Joseph Incardona

« Deux corps qui se rencontrent, ce n’était jamais rien, jamais anodin. Quoi qu’on en pense et qu’on en dise », écrit Joseph Incardona. En particulier celui de Stella… 19 ans, « ni belle ni futée mais loyale et sincère, et désirable » elle vit de ses charmes et réalise qu’elle possède un don singulier : celui de guérir des personnes. Mais pas dans n’importe quelles conditions : les miracles ne se produisent que si elle se prostitue avec les clients malades !

Si la découverte d’une Sainte américaine suscite l’enthousiasme du Vatican, le procédé de guérison nettement moins… Sont alors missionnées deux brutes épaisses qui aiment de temps à autres philosopher – les frères Bronski – pour faire disparaître Stella. C’est sans compter Santa Muerte, vieille voyante mexicaine qui a tout enseigné des hommes à Stella, et du père Brown, ancien militaire devenu prêtre aux allures de Robert Mitchum qui, fasciné par la jeune fille, décide de la protéger.

L’auteur nous entraîne à leur suite dans un road trip déjanté à travers les Etats-Unis. Un univers cinématographique aux airs des films de Tarentino, des dialogues truculents, beaucoup d’humour et de cynisme et d’autres passages plus touchants.

« Donner était éprouvant. Donner sans relâche. Et, à présent qu’elle avait découvert que le don allait bien au-delà de son corps, elle avait l’impression de vieillir prématurément dans son âme. Comme si elle se froissait à l’intérieur d’elle-même. ​ ».

Un condensé de tout ce que j’apprécie dans les livres de l’auteur suisse qui nous surprend encore, prenant le lecteur à partie sous forme d’apartes, à la manière de Phoebe Waller-Bridge dans la série « Fleabag ». La mise en page du livre fait elle aussi parfois preuve d’originalité, appuyant fort à propos certains passages, comme par exemple lorsque le corps de police diminue, soulignant le bruit assourdissant d’une scie électrique utilisée pour démembrer un corps…

Un roman jubilatoire !

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