Emmenez-moi – Sarah Gysler

Son nom et son livre « Petite » ne vous sont pas inconnus, et pour cause. Tout juste âgée de 19 ans, Sarah Gysler partait seule et sans argent pour un voyage qui la mena d’Epalinges en Suisse jusqu’au Cap Nord ! Une aventurière était née, totalement fauchée ainsi que son père la taquinait !

Pour partager avec lui son expérience et les expéditions qui suivirent, la jeune femme créa un blog – le bien nommé «L’aventurière fauchée» – suscitant l’intérêt d’un grand nombre de lecteurs et de médias, au point que les Editions des Equateurs lui proposèrent d’en faire un livre : « Petite » paru ainsi en 2018. 

L’aventurière ajoutait alors une corde à son arc : une plume, talent pleinement confirmé avec ce deuxième ouvrage.

Attendez-vous à être sérieusement bousculé et à vivre des émotions fortes en tournant les pages de ce nouveau récit : vous sourirez, pleurerez, chanterez même, probablement les trois à la fois ! Un livre à la manière d’une valse, parsemé de paroles de chansons francophones (autant dire qu’y trouver mes chers Cowboys fringants ou encore Ben Mazué avait de quoi me ravir d’emblée !). « Avant », « Pendant », «Après» : trois temps pour structurer ce livre autour de la décision du père de Sarah.

« Avant » désigne la période durant laquelle Sarah utilisa ses droits d’auteur pour acquérir un bateau baptisé Dune destiné à naviguer sur les flots. Or, pas plus l’embarcation que sa capitaine n’étant visiblement faits pour la mer, l’aventure tourna court et Sarah rentra en Suisse. Dès son retour, son père, tout à la fois exténué et rassuré de savoir ses trois enfants lancés, l’informa alors avoir décidé, enfin, de recourir aux services de l’association Exit afin de l’aider à mourir. Il souffrait depuis 20 ans des suites d’une opération dont il était sorti extrêmement diminué. La date fut prise en juin 2020.

« Pendant » correspond à cette période d’adieu, cinq semaines pour organiser le départ. Comment gère-t-on la disparition volontaire de son père qui se trouve être la personne à laquelle on est le plus attaché au monde ? Mal. « J’aurais préféré que mon premier deuil, ne le concerne pas, lui, pour être mieux préparée, pour mieux savoir l’accompagner, pour moins pleurer et être plus forte. Mais la mort, c’est lui qui me l’aura apprise. ». Un apprentissage violent et dévastateur.

Sarah Gysler explore dans la dernière partie de son livre, « Après », la manière dont elle refit surface, passant même un temps au service d’une entreprise de pompes funèbres pour tenter d’apprivoiser l’indicible. Ce fut long et douloureux, un cap particulièrement difficile à franchir durant lequel Sarah posa un diagnostic sur ses troubles assimilés à une sorte de pou dans sa tête lui enjoignant toutes sortes de folies : la bipolarité. Peut-être le début d’une accalmie dans le tumulte. Nous lui souhaitons de tout cœur.

De ces années naît donc ce livre sensible où autodérision et douce folie se mêlent pour notre plus grand plaisir. A la lire, il émane de Sarah une tendresse et une poésie terriblement touchantes.

Un livre à découvrir avec la playlist concoctée par l’auteure.

À propos de l’auteure

Née en 1994 à Lausanne, Sarah Gysler a commencé à voyager seule et sans argent à l’âge de dix-neuf ans. Après le succès de Petite, publié en 2018 aux Equateurs, elle nous embarque dans un nouveau roman poignant et haut en couleur : Emmenez-moi.

Quelques pages en extrait du livre :