Polaroïds du frère – Grégoire Delacourt

 

Un livre poignant où l’auteur esquisse en creux le portrait de son frère disparu, par petites touches.

 

Éditeur : ‎ Albin Michel

Nombre de pages : 176

Parution : avril 2025

« Ecrire, c’est dénicher les mots qui font du bruit dans le silence ».

Grégoire Delacourt s’emploie ici à trouver ceux racontant son frère retrouvé mort chez lui. Un frère avec lequel il n’échangeait plus depuis trente ans.

Par petites touches à la manière de polaroïds, 188 au total, il s’adresse à lui, dans un livre poignant où il esquisse en creux le portrait de celui dont le prénom est longtemps tu, comme s’il avait fallu un certain nombre de pages pour parvenir à l’énoncer à nouveau.

Ces instantanés, comme autant de missives, s’inscrivent dans différentes temporalités qui permettent à l’auteur d’évoquer ce frère né tout juste un an après lui. Apparaît ainsi au fil des pages un enfant doté d’une grâce certaine et d’une espièglerie notable, devenu un homme très rapidement isolé par ses choix, par la maladie, et sans aucun doute à la suite de violences subies, dont Grégoire Delacourt avait lui aussi fait l’objet et qu’il avait racontées dans « L’enfant réparé ». Quelques moments tendres partagés ensemble, des fous rires aussi, jusqu’à la rupture définitive.

Ce précédent roman si personnel évoqué par l’auteur ici même fut l’occasion de rencontres avec un psy qui lui suggéra d’écrire à son frère pour renouer le contact. Il y parvint presque, coupé dans son élan par cette mort absurde : « l’espérance gaspillée de nos retrouvailles ».

Alors, l’auteur va enquêter auprès des personnes qui ont pu connaître ce frère, puiser dans ses propres souvenirs. On perçoit dans ces pages un sentiment de culpabilité intense, celle de ne pas avoir su détecter le chagrin abyssal de celui avec il y avait tant à partager, doublé d’un sentiment de gâchis. Et puis la lumière aussi, celle accordée par l’écriture, des mots choisis pour rendre hommage, laisser une trace et éviter l’effacement. Réparer une injustice, se réparer aussi sans doute un peu.

© Samuel Kirszenbaum

A propos de l’auteur

 

Grégoire Delacourt a publié onze romans dont L’Écrivain de la famille (Lattès, 2011, Prix Marcel Pagnol 2011, Prix Carrefour du Premier Roman 2011, Prix Cœur de France 2011) ; La liste de mes envies (Lattès, 2012), ou encore L’enfant réparé (Grasset, 2021).

Quelques pages du livre en extrait :

Share This