Le courage de vivre – Albina du Boisrouvray

Les rencontres, ce sont elles qui me font vibrer dans l’exercice du métier de journaliste. Beaucoup me ravissent, me séduisent, m’enthousiasment… Et quelques unes, rares, me saisissent entièrement. Je les aborde à la fois intimidée et honorée. Celle avec Albina du Boisrouvray en fait partie.

Elle publie aujourd’hui son autobiographie. Jusqu’à ce livre, je n’avais étonnamment jamais entendu parler d’elle. Vraiment surprenant lorsque l’on songe que cette femme extraordinaire, pleinement engagée et d’une générosité extrême, a réussi, par ses actions, à améliorer la vie de 18 millions de personnes depuis plus de trente ans !

Lorsque je m’en suis émue auprès d’elle, elle a reconnu que si ses actions ont été fortement médiatisées à l’origine, elles le sont beaucoup moins aujourd’hui. Espérons que la publication de ses mémoires permette de rendre hommage à cette grande dame au parcours de vie exemplaire.

De Comtesse, elle en a le titre mais ne l’apprécie pas tant sa personnalité est éloignée des paillettes. Fille d’un aristocrate français, cousin germain du Prince Rainier III de Monaco, petite-fille du roi de l’étain bolivien Simon Patiño, Albina s’est très vite sentie à part, en rupture avec le milieu dans lequel elle évoluait. Aussi, dès ses 19 ans, elle prit son envol et se retrouva un peu par hasard en Suisse, dans le Valais, où elle se maria et donna naissance à un fils : François-Xavier Bagnoud, autour duquel elle bâtit sa vie. Curieuse et inspirée, elle s’installa quelques temps plus tard à Paris où elle exerça le métier de journaliste, puis de productrice de cinéma où elle excella : « Une femme à sa fenêtre », « L’important c’est d’aimer », « Police Python 357 », « Fort Saganne »… c’est elle !

Mais sa vie bascula définitivement un jour de janvier 1986. Beaucoup se souviennent précisément du crash d’hélicoptère qui coûta la vie à Daniel Balavoine et à Thierry Sabine sur le rallye du Paris-Dakar. Ils ne furent pas les seules victimes de cet accident. Parmi elles, le fils d’Albina qui pilotait l’engin. Âgé seulement de 24 ans, brillant, celui-ci était sauveteur en montagne dans la compagnie fondée par son père « Air-Glaciers ».

Totalement anéantie par la perte de son fils unique, Albina traversa, comme on l’imagine, une période noire. Quelques mains tendues lui permirent de tenir et refaire surface. Parmi elles, celles de son ami Bernard Kouchner : il lui donna l’occasion de partir en mission humanitaire au Liban, une manière de redonner du sens à sa vie. Combative, rebelle dans l’âme, Albina décida alors de vouer toute son énergie à la cause des orphelins du Sida, eux-mêmes parfois contaminés, à une époque où aucun traitement n’existait. Elle vendit les trois quarts des biens dont elle avait hérité et créa la Fondation FXB, devenue aujourd’hui une ONG dont la mission principale est de lutter contre l’extrême pauvreté. Au cœur de ses actions, les droits de l’Enfant. Ses actions ont été diverses et l’ont conduite aux quatre coins du monde où elle n’a eu de cesse de défendre les causes qui lui tenaient à cœur : la ratification de la Convention internationale des droits de l’enfant, le Centre FXB de santé et des droits humains à Harvard, des villages FXB, les programmes FXB…

Ses mémoires se dévorent comme un roman ! Immense coup de ❤️ pour ce livre et surtout, pour cette femme d’exception !