La vie meilleure – Etienne Kern

 

 

« La vie est plus douce quand on la vit avec des mots » selon Emile Coué sous la plume du romancier Etienne Kern. Un très bel ouvrage, tendre et délicat. Coup de coeur.

 

Éditeur : Gallimard

Nombre de pages : 192

Parution : Août 2024

Qui d’entre nous n’a jamais tenté de conjurer le sort, contrer une douleur ou un malaise en répétant quelques mots pour se persuader que tout allait bien ? Quels parents n’ont pas usé de ce stratagème pour venir à bout d’une peine d’enfant ? Une mise en application de la célèbre Méthode Coué, présente dans l’inconscient collectif, sans qu’on en connaisse bien l’origine. Pourtant, lors de son vivant, Emile Coué était une star, un homme dont on s’arrachait le savoir aux quatre coins du monde, un succès amplifié lors de la première guerre mondiale lorsque l’écoute et le besoin d’être rassurés se faisaient particulièrement prégnants. Pharmacien, il fut très jeune séduit par les bienfaits des paroles pour accompagner voire se substituer aux remèdes chimiques, convaincu des pouvoirs de l’imagination et de l’autosuggestion au bénéfice d’un bien-être certain. Ce professeur d’optimisme tenta sa vie durant d’apporter de la joie et du réconfort à tous ceux venus le consulter sans pour autant dénigrer les médecines traditionnelles.

Emile Coué

Etienne Kern, qui avait été distingué par le Goncourt du premier roman pour son très beau « Les Envolés », lui rend hommage dans « La vie meilleure » en retraçant son parcours, de Troyes à Nancy, en passant par tous les pays où il profèrera sa méthode, notamment la Suisse ! Une vie riche et étonnante ! Mais au-delà de la découverte de cet homme incroyable qui tenait « tout entier dans son sourire », c’est dans ses aspects plus personnels que ce livre est le plus touchant, ceux où son auteur se dévoile. Revenant sur la manière dont la figure d’Emile Coué s’est imposée à lui, alors peiné par la maladie de proches et ressentant le besoin de se dire que tout irait bien, il opère un parallèle intéressant entre cet homme et… les écrivains !

Sans jamais tomber dans une admiration illimitée et reconnaissant les limites de la méthode tenant en trois verbes «répéter, croire, imaginer», le romancier évoque le seul pouvoir détenu par Emile – partagé par bon nombre d’auteurs – celui de la parole : une même sensibilité, un sens développé de l’écoute et un talent certain pour verbaliser et partager des affects. « Il aime ce pouvoir, le seul qu’il ait jamais eu : la parole », pour aider et être utile. Et un fort besoin d’être aimé.

Et l’auteur d’ajouter « J’écris. C’est pareil. C’est fuir. C’est se mentir. C’est regarder le monde, le grand réel vide et creux, et lui donner de beaux habits, le colorer de mots, tout miser sur ces mots. » Un très bel ouvrage, tendre et délicat et sans aucun doute un peu d’Emile Coué en Etienne Kern.

 

©️ Francesca Mantovani

À propos de l’auteur

 

Né en 1983, Etienne Kern vit et enseigne à Lyon. Il est l’auteur de plusieurs essais littéraires remarqués, parmi lesquels Une histoire des haines d’écrivains (Flammarion, 2009, avec Anne Boquel son épouse) et Le tu et le vous : L’art français de compliquer les choses (Flammarion, 2020). Son premier roman, « Les Envolés », avait été distingué par le Prix Goncourt du Premier roman.

Quelques pages en extrait du livre….

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