La vie heureuse – David Foenkinos

 

Faut-il vraiment approcher la mort de près pour savourer la vie ? C’est le thème du roman de David Foenkinos, pétillant !

 

 

Éditeur : Gallimard

Nombre de pages : 208

Parution : janv. 2024

Eric, la quarantaine, divorcé, père d’un petit garçon de 11 ans qu’il voit assez peu, occupe un poste de direction dans une grande entreprise, lorsqu’une ancienne connaissance de son lycée, Amélie, le contacte via Facebook. Elle lui propose de rejoindre l’équipe qu’elle constitue au sein d’un cabinet ministériel. Sans trop savoir pourquoi, il décide de se lancer dans cette aventure professionnelle, à la recherche de l’élan susceptible de le sortir de l’état mélancolique qui l’habite en permanence depuis trop longtemps. « Eric avait l’air d’un homme enfermé à jamais dans le mois de novembre » pense d’ailleurs de lui sa mère. Les mois défilent et pourtant, rien n’y fait, Eric demeure cet homme terne, passant en quelque sorte à côté de sa vie. C’est lors d’une mission professionnelle en Corée du Sud que ses pas le conduisent « à son insu » devant une enseigne lumineuse : « Happy life ». Sans qu’il ne se l’explique, il pénètre dans les lieux et découvre un concept étonnant : la possibilité de simuler ses funérailles ! Une expérience aux allures de révélateur : aussi surprenant que cela puisse paraître, il retrouve quasi instantanément un appétit de vivre féroce.

« Jamais il ne s’était senti aussi bien, comme apaisé de tout, délesté du poids de la vie. Il était là, immobile, dans le noir et le silence, et c’était une caresse infinie. En laissant ses sens expérimenter la mort, il ressentait un bonheur proche de la jouissance.  ».

Une femme coréenne lors de ses fausses funérailles.

©️Sciences et avenir – Françoise Huguier/Agence Vu

De retour en France, il décide alors d’importer le concept et partager cette expérience totalement inédite avec le plus grand nombre, une démarche aux allures de renaissance.

Faut-il vraiment approcher la mort de près pour savourer la vie ? Telle est la question abordée par David Foenkinos dans son dernier roman « La vie heureuse », lui qui l’a frôlée à l’âge de 16 ans en raison de graves problèmes de santé. Il y répond d’ailleurs en exergue de son livre citant Charlotte Salomon à laquelle il a consacré un si beau livre :

« On devait même, pour aimer plus encore la vie, être mort une fois  ».

Un sentiment que je partage profondément tant il me semble que les personnes confrontées à la mort, d’une manière plus ou moins proche et tragique, sont animées d’une certaine pulsion de vie, à tout le moins habitées par une sorte d’optimisme. L’auteur investit la question de manière très originale en recourant à ces cérémonies coréennes qui existent véritablement.

On retrouve dans ce roman, l’écriture pétillante de David Foenkinos, ses notes de bas de pages décalées, ses charmants aphorismes, son humour présent même lorsque le renoncement et la lassitude semblent l’emporter, les thématiques qui lui sont chères tels le sens donné à sa vie et la possibilité d’en changer, le sort réservé à nos échecs… et, cerise sur gâteau, quelques clins d’œil à la Suisse comme souvent dans ses romans !

©️ Joël Saget

À propos de l’auteur

David Foenkinos, né en 1974, est un romancier, dramaturge, scénariste et réalisateur français. À 16 ans, il est victime d’une maladie cardiaque rarissime et passe plusieurs mois à l’hôpital. Il étudie les lettres à la Sorbonne. Son premier roman « Inversion de l’idiotie : de l’influence de deux Polonais » , refusé par tous les éditeurs contactés, est finalement publié par Gallimard en 2002. Suivent notamment « La Délicatesse« , en 2009 qui constitue le véritable tournant de sa carrière, puis «Charlotte» en 2014, dans lequel il rend un hommage personnel à l’artiste Charlotte Salomon, assassinée en 1943 à Auschwitz et qui obtient le prix Renaudot et le prix Goncourt des lycéens, « Numéro Deux » en 2022.

Quelques pages en extrait du livre….

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