La nuit des pères – Gaëlle Josse
Secret, traumatismes, liberté, culpabilité, pardon… autant de thèmes délicatement et justement abordés par Gaëlle Josse dans son dernier roman. Gros coup de cœur !
Éditeur : Noir sur blanc
Nombre de pages : 192
Parution : août 2022
Prix : 16 € / Version ebook disponible
Une femme dans un train. Elle va retrouver son père qu’elle n’a pas revu depuis des années. Un périple terriblement difficile pour celle qui porte en elle une malédiction :
« Tu ne seras jamais aimée de personne (…) Tu vas rater ta vie ».
Après s’être longtemps éloignée de lui, la revoici sur ce chemin qui la mène vers la montagne où elle vécut enfant. Quelques pages pour arriver à destination et j’ai immédiatement embarqué dans ce nouveau voyage que Gaëlle Josse nous propose, tendue et émue, comme Isabelle, à l’idée des retrouvailles avec ce père taiseux, guide de haute montagne.
Des phrases ciselées et percutantes, un style vif et tranchant à l’image des sommets alpins évoqués ici, Gaëlle Josse parvient une fois encore à nous plonger dans une atmosphère extraordinaire, où l’histoire se révèle au fur et à mesure que volent en éclat les non-dits sur lesquels s’est bâtie cette famille.
Comme dans l’un de ses précédents romans, « Les heures silencieuses », marqué par un tableau, demeure longtemps après avoir refermé « La nuit des pères » une image épouvantable décrite dans le roman, une toile peinte par Goya représentant le Dieu Sature dévorant l’un de ses fils.
Une cruauté alliée à une terreur abyssale imprimant le regard. C’est à Madrid qu’Isabelle découvrit ce tableau, paniquée au point de hurler. Et rétrospectivement, l’on comprend pourquoi. Comme ce Dieu, son père, monstrueux, qui n’a jamais témoigné le moindre signe d’affection envers elle depuis sa tendre enfance et, en particulier, depuis son adolescence, est lui aussi terrifié. Chaque nuit, Isabelle a redouté le moment où elle percevait le cri de son père, tout aussi terrible qu’incompréhensible.
Pourtant, à l’appel de son frère Olivier, elle revient auprès de ce père alors âgé et diminué. Tout aussi éprise de liberté que lui, elle s’était éloignée, bâtissant sa vie dans les profondeurs des océans, loin de ce père obsédé par les cimes. Elle revient, ne sachant trop pourquoi, le regrettant presque, pour finalement renouer au gré des souvenirs qui refont surface. Si loin, si proches… Chacun rongé par des traumatismes alliés à de forts sentiments de culpabilité et de colère, ils étaient dans l’impossibilité de communiquer. Le chemin aura été long et douloureux pour parvenir à libérer une parole et, peut-être enfin, pardonner et s’autoriser à aimer. Coup de cœur pour ce roman puissant. ❤️
Gaëlle Josse sera à Genève le 30 août prochain chez Payot Cornavin à 18H pour nous parler de son roman et co-présidera avec Pierre Assouline la 2e édition du Festival du LÀC les 1er et 2 octobre 2022. ✨
Festival du LÀC, 2 et 3 -10-21
©️ Karine Bauzin
À propos de l’auteur
Diplômée en droit, en journalisme et en psychologie clinique, Gaëlle Josse est venue à l’écriture par la poésie. Son premier roman Les Heures silencieuses en 2011 aux éditions Autrement. Aux Éditions Notabilia/Noir sur Blanc, Gaëlle Josse a publié cinq romans : Le Dernier Gardien d’Ellis Island (2014), L’Ombre de nos nuits (2016), Une longue impatience (2018), Une femme en contre-jour (2019) et Ce matin-là (2021). Elle signe son retour à la poésie avec son recueil Et recoudre le soleil, paru en 2022.
Elle anime, par ailleurs, des rencontres autour de l’écoute d’œuvres musicales et des ateliers d’écriture auprès d’adolescents et d’adultes
Elle est chevalier des Arts et Lettres et Chevalier de la Légion d’Honneur.