
La longe – Sarah Jollien-Fardel
Portrait d’une femme qui va tout tenter pour surmonter un drame, le pire de tous, la perte de son enfant. L’histoire d’un amour hors normes.
Éditeur : LattesSabine Wespieser
Nombre de pages : 160
Parution : janvier 2025
Résilience. Elle n’affectionne pas ce mot mais c’est pourtant celui qui vient à l’esprit en pensant à Rose, l’héroïne de son nouveau roman, « La longe ». Sarah Jollien-Fardel y dresse le portrait d’une femme qui va tout tenter pour surmonter un drame, probablement le pire de tous, la perte de son enfant. Ce deuxième livre était très attendu après le succès de son premier, « Sa préférée », vendu à plus de 55 000 exemplaires : Prix du roman FNAC, choix Goncourt de la Suisse, Goncourt des détenus… Lui aussi évoquait le parcours d’une femme cherchant à surmonter les démons de son passé, sans y parvenir aisément.
Rose est attachée à un lit par une longe, dans une chambre boisée. Par qui et pour quelles raisons précises ? On l’ignore et il faudra avancer avec Rose pour le comprendre. Cette réclusion dans la plus grande des solitudes est en effet l’occasion pour elle d’une introspection, un regard dans le rétroviseur pour lui donner permettre d’avancer. Voilà trois ans que sa petite fille a été renversée par une camionnette alors qu’elle circulait à vélo. Trois années passées à lutter pour ne pas sombrer dans le désespoir le plus profond.
Elle repense alors à sa rencontre avec Camil lorsqu’ils étaient enfants, leur complicité si particulière, leur éloignement un temps, et leurs retrouvailles jeunes adultes, une évidence. L’irruption inattendue d’une petite fille dans leur vie. Rose se souvient également de ses deux grand-mères, ces figures féminines si indispensables à son équilibre en l’absence de sa propre mère. Et un jour, derrière sa porte, des textes lus: « Pluie d’été » de Marguerite Duras, « Oh les beaux jours » de Samuel Becket, et encore « Aucun de nous ne reviendra » de Charlotte Delbo. Une voix réelle ? Rose l’ignore mais savoure chacun de ces mots qui d’appliquent tel un baume sur ses plaies.
La littérature pour consoler, les montagnes du Valais comme écrin la sincérité s’impose et une longe, qui loin de soumettre, pourrait bien receler des effets libérateurs. Avec ce nouvel opus, la romancière valaisanne confirme tout son talent : une écriture puissante, au service personnages forts, souvent malmenés par le cours de leur vie : violence, deuils, solitude, et la beauté malgré tout. Certains êtres sont plus doués pour la lumière que pour les ténèbres comme l’avait gravé la grand-mère de Rose sur une poutre de son bistrot, empruntant les mots d’Horace : « Tu es d’une espèce qui aime la lumière et déteste la nuit et les ténèbres ».
Sarah Jollien-Fardel montre parfaitement avec « La longe » que face à une tragédie frappant un couple, accepter la souffrance de l’autre exprimée dans une singularité qui nous échappe est la meilleure preuve d’amour dont il soit possible de témoigner.

©️YVAIN GENEVAY / LE MATIN
A propos de l’auteur
Née en 1971, Sarah Jollien-Fardel a grandi dans un village du district d’Hérens, en Valais. Elle a vécu plusieurs années à Lausanne, avant de se réinstaller dans son canton d’origine. Journaliste, elle a écrit pour bon nombre de titres en Suisse. Tout comme son premier roman, Sa préférée, qui a rencontré un magnifique succès lors de sa parution en 2022 (prix Fnac, choix Goncourt de la Suisse, Goncourt des détenus), La Longe, qui paraît en janvier 2025, est ancré dans l’âpre et somptueux paysage de montagne où elle vit.