La Justice des hommes – Santiago H. Amigorena

Un couple se dispute, le ton monte, inexorablement, et deux jeunes enfants se cachent dans un placard. Elsa, six ans, bouche les oreilles de Loup son petit frère du mieux possible et lui chantonne des comptines, confrontée à l’impossibilité de trouver une explication rationnelle au conflit. Mais à aucun moment ses parents ne le réalisent. Lorsqu’Alice décide de quitter la maison en dépit des supplications d’Aurélien, ce dernier se précipite et lui emboîte le pas, attrapant les petits au passage. Hagard et hors de lui, il commet alors une grave imprudence qui le conduit à une lourde faute. Un moment d’égarement dont les conséquences seront dévastatrices pour chacun d’entre eux.

Santiago H. Amigorena analyse d’une plume extrêmement sensible les sentiments qui traversent les protagonistes de l’histoire, une famille où le silence écrase un père et sa fille, devenus incapables de communiquer verbalement leur souffrance et où l’amour, toujours présent, est si compliqué à exprimer. Accablés, ils affrontent tous la violence de la situation du mieux qu’ils peuvent, empruntant des chemins différents. « La justice des hommes » interroge ainsi les fondements d’un couple et aborde très délicatement la question de l’intérêt des enfants lorsqu’une famille implose. Une réflexion où la justice des hommes n’a pas nécessairement le beau rôle.

Ce livre m’a profondément émue, tant par le sujet sensible au cœur du roman que par la manière dont il est traité. Sans jamais juger ses personnages, l’auteur les accompagne dans leur cheminement qui, heureusement, laisse entrevoir un futur possible et apaisé. Le roman s’achève de manière particulièrement originale, l’écrivain, une fois le roman fini, livrant à ses lecteurs des réflexions plus personnelles. « La beauté de la fiction tient aussi à cela : parfois, on ne sait pas ». Coup de cœur !

À propos de l’auteur

Santiago H. Amigorena est né muet à Buenos Aires en 1962. Il s’est très vite immergé dans l’écriture pour en faire son refuge et son moyen d’expression principal. Journaliste, scénariste, réalisateur et écrivain, cet Argentin installé en France depuis 1973 est notamment connu pour ses multiples collaborations avec Cédric Klapisch ou Laurence Ferreira Barbosa. On lui doit notamment les scénarios de films comme « Le Péril jeune », « Peut-être », «Ni pour, ni contre bien au contraire» ou «Les Gens normaux n’ont rien d’exceptionnel».

Depuis 1998, Santiago Amigorena publie également son autobiographie par morceaux. Il est l’auteur notamment des ouvrages «Le Ghetto intérieur» (2019), « Le Premier exil » (2021).