Envole-moi – Sarah Barukh

J’aurais pu commencer ces quelques lignes par un début de chanson qu’il vous sera impossible de ne pas fredonner si comme moi, vous avez grandi avec les tubes de Jean-Jacques Goldman en boucle dans votre walkman :

« Elle s’appelait Sarah elle n’avait pas huit ans
Sa vie, c’était douceur, rêves et nuages blancs ».

Sauf que, si Sarah est bien le prénom de l’auteur d’« Envole-moi », très beau roman dont elle a emprunté le titre à l’une des personnalités préférées des français, et que vous ne pourrez manquer très vite d’avoir en tête, ses deux héroïnes s’appellent Anaïs et Marie.

Toutes deux ont grandi au début des années 90’ dans le 19^e arrondissement de Paris. Elles étaient tout l’une pour l’autre mais le temps a passé, les années les ont éloignées sans qu’elles ne sachent vraiment pourquoi.

Et puis quinze ans plus tard, un matin, le téléphone d’Anaïs sonne, Marie au bout du fil, qui, comme si elles ne s’étaient jamais quittées, lui propose de venir la rejoindre à Paris. Sa mère Brigitte est décédée et Marie souhaite avoir Anaïs à ses côtés pour la cérémonie d’adieux qu’elle a organisée. Elle ignore alors qu’Anaïs vit une épreuve, celle de l’échec d’une quatrième FIV qui s’annonce. Quelques jours peuvent en effet espacer les premières douleurs ressenties de la perte, Anaïs l’a déjà douloureusement éprouvé et redoute de l’annoncer à son compagnon qui sera, comme elle, dévasté. Eprouvée par cette impossibilité de devenir mère, abattue par ce nouvel échec, Anaïs décide donc de s’envoler de Nice où elle vit désormais vers Paris, un aller-retour le temps d’une cérémonie.

Elle ignore alors à quel point ce voyage sera unique et inoubliable. À peine arrivée dans le quartier de son enfance, c’est tout un pan de sa vie qui refait surface, avec ses joies et ses peines. Très vite, l’invitation de Marie à la rejoindre prend une tournure bien différente de ce qu’elle avait projeté, l’entraînant dans un road trip totalement inattendu.

Pourquoi, si fusionnelles dans leur adolescence, se sont-elles tant éloignées ? Très différentes et de caractères diamétralement opposés, Anaïs et Marie ne poursuivaient pas les mêmes rêves, mais étaient irrésistiblement attirées l’une par l’autre, en dépit des rivalités et jalousies jalonnant leurs vies. C’est un événement qui fit tout basculer et précipita leur amitié sans qu’elles ne puissent rien y faire. Pourtant, lorsque Marie sollicite Anaïs des années plus tard, cette relation d’amitié ressuscite instantanément, les autorisant peut-être, chacune à leur manière, à pouvoir dépasser leurs différends et, enfin, prendre leur envol. Une liberté chèrement payée…

« En tournant le dos à mon passé, j’avais aussi perdu une partie de moi-même et, amputée, je n’arrivais plus à avancer ».

« Envole-moi » est un roman aux multiples facettes qui m’ont toutes séduite, où l’émotion est au rendez-vous, et les larmes aussi ! Amitié, liberté, identité, maternité, autant de thèmes visités avec talent par Sarah Barukh qui a su faire de ses Thelma et Louise à la française des personnages attachants et marquants !

À propos de l’auteur

Sarah Barukh est née en 1980. Elle a travaillé dans la production audiovisuelle, a écrit pour la télévision et la radio. Elle est l’auteur de Elle voulait juste marcher tout droit (prix Lions Club et MJLF 2017), Le Cas zéro (prix du Roman d’Entreprise et du travail 2019) et Envole-moi, tous les trois publiés chez Albin Michel.