
DJ Bambi – Auður Ava Ólafsdóttir
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Le portrait d’une femme de 61 ans, en transition tardive, tout en délicatesse. Une renaissance et, peut-être, une guérison.
Éditeur : Zulma
Nombre de pages : 208 p.
Parution : septembre 2025
Evoquer la littérature islandaise nous plonge immédiatement dans le noir : Arnaldur Indriðason, Ragnar Jónasson, Yrsa Sigurðardóttir… Mais il y a aussi et surtout, du côté de la littérature blanche, Auður Ava Ólafsdóttir, l’auteure de Rosa Candida, Miss Islande… des livres où il est souvent question de reconstruction, de liens familiaux, de fragilité… Son dernier ouvrage, « DJ Bambi », ne fait pas exception.
Logn, biochimiste de 61 ans, observe le rivage et se retient de se laisser emporter par les flots pour une seule raison : elle refuse d’être enterrée dans un corps qui n’est pas le sien, celui d’un homme. Dès son plus jeune âge, elle a le sentiment d’une erreur ne se reconnaissant pas dans les attributs que lui a octroyés la nature. Enfance et adolescence compliquées puis une décision à 18 ans : elle serait un garçon. Alors, pour y parvenir, elle se documente et imite à la perfection ses amis, fans de foot. Tant bien que mal, elle donne le change, se marie avec Sonja et devient père. Les années passent, nombreuses, mais rien n’y fait : « j’ai cru que la douleur finirait par s’apaiser comme le sable se dépose au fond d’une eau trouble, je ne savais pas que la tristesse colorerait toutes mes pensées, chaque jour, comme autant de fragments jalonnant mon existence, jusqu’à ce que j’atteigne l’âge de 55 ans ». N’y tenant plus, Logn fait son coming out, une décision vécue comme une trahison par tous les siens, sauf par Trausti, son frère jumeau qui, au fond, a toujours su que son frère voulait être une fille ou plutôt, comme il lui dira par la suite, a toujours su qu’ELLE était une fille. En dépit des difficultés à affronter, Logn entame sa transition et attend, longuement, sa réassignation sexuelle.
Celle dont le nom signifie le calme plat dans l’un des pays les plus venteux incarne cette détermination face au tumulte intérieur qui est le sien et qu’elle provoque au sein de sa famille. Auður Ava Ólafsdóttir envisage ici la transidentité par le prisme du temps et c’est très réussi. D’une écriture délicate empreinte d’un humanisme touchant, elle entre et nous emmène avec elle dans la tête de son personnage qui a le sentiment d’être passé à côté de sa vie et n’aspire plus qu’à pouvoir mener l’existence d’une femme simple et rattraper le temps perdu. L’histoire d’un voyage intérieur vers une guérison possible et une renaissance. « Je ne demande pas grand-chose. Juste un corps qui me ressemble. Un point c’est tout ».

© Stefan Karlsson
À propos de l’auteur
Auður Ava Ólafsdóttir est sans conteste la reine des lettres islandaises! Depuis Rosa candida, le charme inimitable de ses romans tient peut-être à son talent sans pareil pour nous faire explorer les troublantes drôleries de l’inconstance humaine avec une poésie et un humour d’une grâce inégalable. Elle a reçu notamment les plus hautes distinctions nordiques, et le Prix Médicis étranger pour Miss Islande.
Quelques pages du livre en extrait.

Auður Ava Ólafsdóttir – Payot Genève – nov. 2025 © François Duvaut
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