D’images et d’eau fraîche – Mona Chollet

On connaissait la journaliste, l’essayiste, l’auteur à succès de Sorcières – La puissance invaincue des femmes, Réinventer l’amour, Beauté fatale, ou Chez soi… On ignorait jusqu’alors l’accro aux réseaux sociaux ! Mais pas n’importe lesquels : Mona Chollet a jeté son dévolu sur Pinterest et se révèle collectionneuse d’images en ligne. Une passion à laquelle elle s’adonne depuis une dizaine d’années et qu’elle analyse dans son nouveau livre, D’images et d’eau fraiche, joliment illustré, évoquant ainsi le rapport qu’elle entretient à la beauté. Ce faisant, elle adopte une démarche inverse de celle retenue auparavant qui consistait à toucher un large lectorat en étudiant des préoccupations personnelles.

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Ange oublieux – Paul Klee Une des images qui accompagnent Mona Chollet

Renonçant à organiser son existence pour qu’elle soit instagrammable, Mona Chollet préfère flâner et glaner des images sur ce réseau.

« J’aime l’idée qu’on puisse parler de soi en passant par les œuvres des autres, en une démarche à la fois intime et ouverte ».

On la découvre alors d’une manière étonnante à travers les tableaux thématiques qu’elle partage sur ce réseau. Si certains semblent assez naturels pour elle tels Femmes, Suisse, Atmosphère, Fenêtres, Escaliers, Enfants, Paris… d’autres surprennent davantage comme celui consacré aux chats ! Elle reconnaît avec humour à son propos avoir longuement résisté à sa création, par amour propre, pour finalement craquer au prix d’un casting drastique, non sans souligner que Pinterest permet la création de tableaux secrets où tout est permis ! Touchante aussi lorsqu’elle assimile les images collectées à la liste des « choses qui font battre le cœur », remède imparable pour contrer les baisses de moral.

Pleinement consciente de s’être créé une dépendance à un réseau social alors même que les autres la rebutent, elle détaille sa manière de procéder, assez compulsive comme pour tout collectionneur. S’intéressant à la communauté des collecteurs d’images qui avait peu été observée jusqu’à cet essai, elle s’interroge sur l’effet que procure la découverte d’une image, l’envie d’en posséder une reproduction bien plus forte pour elle que celle d’admirer l’original, au point parfois, de donner lieu à des actes répréhensibles : « Il n’est pas rare que le ravissement visuel suscite une pulsion de vol ».

Autre point remarquable souligné par Mona Chollet dans ce livre : les rapports qu’entretiennent images et écriture. Elle évoque à ce propos les mood boards dont les désigners sont familiers et qui peuvent se révéler tout à fait inspirants pour les écrivains !

Elle signe avec cet ouvrage un essai original qui, la révélant sous un jour surprenant, éclaire le rapport que chacun entretient avec les images, susceptibles d’atténuer la noirceur environnante : passionnant !

À propos de l’auteur

Journaliste et essayiste, Mona Chollet a publié aux éditions La Découverte (Zones) Réinventer l’amour. Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles (2021) Sorcières. La puissance invaincue des femmes (2018) Chez soi. Une odyssée de l’espace domestique (2015) et Beauté fatale. Les nouveaux visages d’une aliénation féminine (2012).