Quelques brèves de Julie

 

 

S35 et 36 – 31 août au 13 septembre 2020

 

 

 

Un peu de culture dans ce monde de brutes.

???????? « Apprendre à t’aimer » de Stéphanie Pillonca, avec Julie de Bona, Ary Abbitan, 2020, M6 ????????

Il devait être le plus beau jour de leur de leur vie et… c’est celui qui va tout bouleverser. Comme attendu, comme toujours quand un enfant entre dans notre vie… Presque, car la petite Sara est différente, un chromosome en plus, celui de la trisomie 21.
Ce film montre le cheminement de chacun face à cette petite fille à laquelle personne ne s’attendait. D’abord sa mère, pétrie de peur mais qui avance. Une maman presque comme toutes les autres, des angoisses supplémentaires pour elle et, pendant des mois, un mari qui fuit littéralement. Franck, dès l’arrivée de sa fille, ne fait pas face. « Les mecs sont plus longs à la détente » dit un papa d’enfant trisomique à Cécile, la maman. C’est peu de le dire. Mais lui aussi va faire son chemin, pas forcément celui que sa femme attendait, mais tranquillement, il va apprendre à aimer Sara et s’attacher à elle, « faire le deuil de la petite fille parfaite ».
J’ai adoré ce film qui montre, me semble-t-il car je ne le connais pas, assez justement ce que peut représenter la plongée dans l’univers du handicap. Julie de Bona est très fine dans son interprétation. Ary Abittan est surprenant dans ce rôle à contre-emploi, loin de ceux dans lesquels on le connait. Loin et en même temps tout à fait lui, émouvant, drôle, extra ! Quand j’avais pu échanger avec lui lors de l’entretien qu’il m’avait accordé pour le Elle suisse il y a quelques mois, je lui avais demandé si un jour, il serait prêt à jouer dans d’autres registres et il avait évoqué ce film, important pour lui. La réalisatrice de ce téléfilm, Stéphanie Pillonca, vient du documentaire et explique sans doute en grande partie la justesse de ce film. Bravo à elle !
« Apprendre à t’aimer » est un film important, à revoir en replay si vous l’avez manqué. Petit conseil, sortez les mouchoirs, j’ai pleuré du début à la fin. Gros coup de ❤️

À voir ou à revoir : 

???? « Hors norme » de Olivier Nakache et Eric Toledano avec Vincent Cassel et Reda Kateb, 2019 ????????

Autre film sur la différence, du côté de l’autisme cette fois-ci. Un grand succès populaire, mais qui m’a moins touchée que le précédent, « Apprendre à t’aimer », même si je l’ai trouvé brillant à plusieurs égards, sans doute parce que l’émotion y était moins palpable. Peut-être aussi que Vincent Cassel cherchant l’âme sœur désespérément rendait son personnage moins crédible à mes yeux ???? Plus sérieusement, j’ai beaucoup aimé sa sensibilité, sa composition d’un homme qui fait passer la cause qui lui paraît la plus juste avant tout le reste. Un rôle là aussi très différent de ceux qu’il endosse en général et où justement, je l’ai plus apprécié.
« Hors norme » est un très bon film, porté par un duo d’acteurs excellents, et d’autres seconds rôles, très justes aussi, en particulier Hélène Vincent jouant la mère de l’une des personnes autistes. Bruno, à la tête d’une association, récupère tous les jeunes autistes qu’aucun système ne veut/peut prendre en charge, le plus souvent dans l’urgence. Son quotidien, « trouver des solutions ». Malik, quant à lui, s’occupe de jeunes issus de quartiers difficiles qu’il forme pour s’occuper des enfants et adolescents autistes. Un monde hors normes. Alors, quand débarquent des inspecteurs de l’IGASS pour leur demander des comptes, le décalage apparaît complet. Un film à voir.

???? « Littles fires everywhere », de Liz Tigelaar, avec Reese Whiterspoon, Kerry Washington, 8X53 à 66’, 2020, Amazon Prime ????????

????Une mini-série dont je n’attendais rien et que j’ai beaucoup aimée ! En 1997, Mia Warren arrive dans le quartier de Shaker Heights dans l’Ohio avec sa fille, Pearl. Mère célibataire, Mia est une artiste, photographe, et elle déménage souvent, dans une vieille voiture remplie à ras-bord, ce qui ne convient semble-t-il plus du tout à sa fille aspirant à davantage de sédentarité. Elle loue alors par chance une superbe maison à Elena Richardson, mère de famille nombreuse, journaliste à ses heures perdues, et qui après avoir rencontré Mia, a ressenti le besoin de l’aider et lui a fait confiance sans chercher au préalable aucune référence. Mais très vite, une tension se noue entre les deux femmes, sur fond de racisme l’une étant noire et l’autre blanche, la méfiance s’installe. Alors qu’Elena va se mettre à fouiller dans le passé de Mia, cette dernière va bousculer le quotidien des Richardson quand elle va aider sa collègue, Bebe Chow, une immigrée chinoise dont le secret est lié à l’entourage d’Elena. Des existences emplies de secrets… Cette série porte sur la maternité, et évoque les différentes manières d’être une mère : enfant adopté, non désiré, porté, abandonné… aucune ne prévalant sur l’autre, contre toute attente… Cette série est l’adaptation du roman La Saison des feux de l’auteur américaine Celeste Ng, publié en 2017 aux États-Unis (Sonatine).

???? « Après la vague » de Mélanie ChappuisBSN Press, 2020 ????????

???? Je lis peu de théâtre, par mauvaise habitude sans aucun doute, et le livre de Mélanie Chappuis pourrait bien me réconcilier avec ce genre ! Admirative de sa plume, je la retrouve ici plus pertinente que jamais !

Nous sommes en Argentine ???????? ; la crise, telle une vague, a tout emporté sur son passage laissant le pays exsangue. Anna et Juan se sont croisés vingt-cinq ans auparavant, se sont plu, et se retrouvent par hasard. Chacun a avancé dans sa vie jusqu’à subir de plein fouet cette situation économique et sociale qui leur a tant coûté. Juan convie Anna à boire un verre un soir, aménage un coin de hangar décrépi pour l’occasion, le temps de ce rendez-vous galant. Débute alors entre eux un échange amoureux, un jeu de séduction confinant à la joute verbale, à l’image d’un tango, chacun avançant puis reculant, pour mieux se dévoiler. Car ici, l’essentiel n’est pas la situation économique de ce pays, mais se situe bien ailleurs, sur un plan beaucoup plus personnel et universel : qu’en est-il du désir lorsque les années ont passé ? Comment faire perdurer une passion, la ranimer ? La fidélité en est-elle un moyen ou faut-il, au contraire, transgresser les normes pour la préserver ? Chronique complète ici.

 

Siddharta
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