Anatomie de l’amant de ma femme – Raphël Rupert

Une lecture réjouissante pour qui veut bronzer en souriant, arpenter avec l’auteur les liens étroits entre sexualité et littérature et l’accompagner dans son voyage intérieur.

Éditeur : Éditions de l’Arbre Vengeur

Nombre de pages : 200

Parution : août 2018

Prix : 14 € ; Version ebook disponible

L’Apostrophée accueille ici le billet d’un ami, Hervé Gentieu. Adepte de la librairie Mollat à Bordeaux où il séjourne régulièrement, il y a fait quelques emplettes et nous propose sa lecture originale de ce premier roman publié par une maison d’édition de la région.

La météo du coin s’amusant à de bretonnantes averses entre deux éclaircies – ou l’inverse –, offrant à nos attentes d’aoûtiens un vrai temps de… Lot à l’armoricaine, si j’osais (j’ai osé! ????), j’ai eu l’occasion de délaisser les ploufs et autres splashs dans la piscine pour mettre un gentil taquet aux différents livres dont j’ai fait l’acquisition la semaine passée lors de ma rituelle visite chez Mollat à Bordeaux.

Les célèbres bookfaces de la Librairie Mollat !

Passons sur « L’Adversaire » d’Emmanuel Carrère, dont la lecture m’avait été inspirée par le comme toujours joli billet que Julie Vasa lui avait consacré la semaine passée. Je l’ai dévoré d’une traite, fasciné, sidéré, horrifié par le récit de ce sordide fait divers, cette macabre fuite en avant, cette imposture au long cours, ce destin hors du commun narré, disséqué, parfois analysé par l’auteur avec un incontestable brio.

Un livre qui laisse groggy, oscillant, de l’avis de son auteur, entre crime et prière. Mais un livre fascinant assurément

 

 

Ce premier « devoir de vacances » si rapidement effectué, je me suis penché donc sur « L’anatomie de l’amant de ma femme ». Le Lot et Garonne étant à ma connaissance moins propice pour cela que les camps naturistes du Cap d’Agde à ce que l’on m’a dit, je précise qu’il s’agit toujours de lecture…

Couverture flashy, ceint d’un bandeau rappelant son Prix de Flore 2018, orné d’un Bristol avec l’avis dithyrambique d’un libraire de chez Mollat, je l’ai attaqué avec impatience et avidité.

Bon…un peu déçu. La première partie m’a ravi, fait rire, charmé même par son érudition posée là sans ostentation, son côté foutraque et iconoclaste…et puis, comme un goût d’inachevé.
La 4ème de couverture annonçait « un livre réjouissant avec des hauts, débats, et quelques ébats » – je les ai vus et m’en suis même réjoui, 3-4 fois à gorge déployée même–, il y avait aussi « des bas » qui ont peu à peu terni mon impression d’ensemble.

Un bon moment malgré tout et une lecture réjouissante pour qui veut bronzer en souriant, arpenter avec l’auteur les liens étroits entre sexualité et littérature (la théorie et la quête pour la démontrer offre de nombreux moments cocasses) et l’accompagner dans son voyage intérieur.

Auto-fiction cocasse d’un homme en reconversion (effet miroir ? ????), délaissant son métier d’architecte pour se consacrer à son premier roman. Il part d’une théorie qu’un bon livre met en parallèle des choses qui n’ont apparemment rien à voir et que l’art de l’écrivain est alors de rendre cela intéressant…sur cette base, il décide donc d’écrire un roman dont les deux sujets mis côte à côte seraient :
1-l’extermination des Juifs et
2-la pétomanie…

 

 

Ce projet, au démarrage pour le moins bancal malgré les efforts que met l’auteur pour maintenir sa libido sous tension (via la visionnage compulsif de sites pornos), ouvrant les voies de l’imaginaire, tout en la canalisant vers la geste artistique (une autre théorie assez cocasse), connaît un coup de théâtre : la découverte du journal intime de sa femme et la découverte d’un certain Léon, amant apparemment fort bien doté.

Point de départ d’une espèce de mise en abime ou les deux sujets en apparence incompatibles mais à lier avec virtuosité cessent d’être 1-la shoah et 2- les flatulences incontrôlées mais…
1-la littérature et
2-une grosse bite.

C’est plutôt écrit avec malice et truffé de références littéraires qui m’ont bluffé et/ou amusé. Derrière le côté iconoclaste de certains passages, les trivialités de certains autres (qui m’ont semblé parfois un peu forcés ou pas 100 % assumés), des vrais moments de brillance, de drôlerie et même d’émotion (enfin…j’en ai ressenti…effet miroir peut être encore) dans cette quête de soi, ce combat entre vie réelle et vie imaginaire…

Bon le temps se lève un peu…je retourne faire plouf ! ????

À propos de l’auteur

Raphaël Rupert débute dans le métier d’écrivain avec Anatomie de l’amant de ma femme, premier livre qui témoigne autant d’une belle culture que d’une insolence amusante et culottée, maniant les théories en les faisant fumer allègrement. Provocateur alerte, il impose son doigté en appelant un chat un chat, sans hésiter à nous conter dans le détail la terrible apparition du vit de Léon.
Cet être urbain et pondéré est urbaniste de profession.

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