Adult(R) – Delphine de Stoutz

 

Un livre définitivement féministe dressant le portrait assez réaliste de femmes de 40 ans figées dans un modèle de société patriarcale qui  prennent leur désir et leur vie en mains !

Éditeur : Lucane Éditions

Nombre de pages : 160

Parution : Juin 2018

Prix : 18 € ; Pas d’ebook disponible

 

????????????Chronique spéciale pour les femmes de 40 ans !???????????? Pour les plus jeunes, n’hésitez pas à jeter un coup d’œil, vous gagnerez peut-être un peu de temps… et quant aux autres, cette lecture devrait vous faire sourire, vous qui êtes sorties de cette période de doutes intenses ! Quant aux hommes, il s’agit là d’un livre indispensable pour mieux cerner vos conjointes et éviter certaines impasses… Ne vous fiez surtout pas à la couleur du livre, ce rose n’augure absolument rien d’un feel good !

Vous  vivez  en  couple, avez des enfants, travaillez … et vous jonglez ! « Adult(R) » dresse le portrait de plusieurs femmes. Elles sont trois à se retrouver devant la porte de l’école de leurs enfants tous les jours, pas vraiment amies mais leurs enfants le sont et cela les a rapprochées. Toutes les trois, la quarantaine, sont animées par la même question : et le désir dans tout cela ? Chacune à sa manière explore des voies différentes pour tenter de conserver ou ranimer cette flamme qui aurait tendance parfois à étouffer si on n’y prend pas garde…

Éva, la première, a choisi de compartimenter sa vie à l’image de son sac à mains à trois soufflets :

« un compartiment pour sa vie publique, un pour ses enfants, un pour son amant » !

Si sa vie de couple est épanouie, tout comme sa vie professionnelle, elle ne peut s’empêcher d’avoir des amants. Son mari l’ignore et pour cause, Éva est extrêmement organisée ! Elle représente l’image de la femme contemporaine, qui a tout, et qui ne s’en satisfait pas pour autant.

Marie est tout l’inverse, si peu structurée qu’elle est totalement submergée, au point que son conjoint, Arnaud, lui établit chaque jour des « to do lists » ! Dépassée, atteinte de charge mentale, elle se met un peu en retrait de sa vie, se néglige, confond ses enfants et est en déroute totale.

©Getty Images/iStockphoto

Quant à Julianne, elle se lasse de sa vie de couple et se demande comment la pimenter, à la recherche du désir perdu :

« l’envie de l’autre, le frémissement des peaux quand elles entrent en contact, les doigts qui s’emmêlent, le souffle coupé ».

Elle partage alors ses interrogations avec son mari et… le divorce survient juste après !

Trois femmes comme autant de facettes d’une même personne qui disposerait d’options différentes à la recherche de son désir évanoui. Mais un jour, Marie disparaît, sans laisser aucune trace. Et c’est la vie de ces trois femmes et de leurs familles qui va s’en trouver bouleversée. D’abord celle de son mari qui, dans une scène hallucinante, commence par ne pas remarquer l’absence de sa femme. Il rentre du bureau un soir assez tard, la maison est calme – et pour cause – puisqu’il y est seul ! – et s’endort dans le salon. Il se réveille le matin en retard, se prépare en vitesse et repart travailler en oubliant son téléphone : à aucun moment il ne se sera aperçu avoir été seul chez lui ! Quand il comprendra enfin que sa femme a disparu, il sera très tard pour réagir.

Ce livre est né d’une attente, celle de la réponse d’éditeurs à qui Delphine de Stoutz avait envoyé son premier roman « Sad Lisa ». Ce courrier ne venant pas, Delphine a décidé de s’intéresser à une question qui l’animait depuis longtemps :

« Après deux enfants et dix années de mariage, j’observais, impuissante, le désir occuper une place de plus en plus importante dans ma vie. La quarantaine n’a définitivement rien à envier à la puberté (…) ».

Elle a alors eu l’idée de s’en ouvrir à quelques amies et a amorcé la discussion en disant : « J’ai eu envie de prendre un amant et je n’y suis pas arrivée ». Étonnamment, les langues se sont déliées et elle s’est retrouvée entourée de femmes adultères : 80 % des personnes autour d’elle !!! Elle a donc commencé à y réfléchir et a alors croisé l’une de ses amies qui utilisait un sac à trois soufflets…

En dépit de son titre, ce livre ne traite pas de l’adultère en tant que tel même s’il en est le point de départ. Il n’en est pas la finalité ! Ce titre fait davantage référence au verbe « Adulter », devenir « adulte ».

Avec ce premier roman, Delphine de Stoutz signe un livre définitivement féministe et dresse le portrait assez réaliste de femmes figées dans un modèle de société patriarcale qui tentent d’exister et se réapproprier leurs vies. Un portrait néanmoins assez négatif puis qu’aucun des trois personnages féminins ne parvient à ses fins et, finalement, ce sont les hommes qui s’en sortent le mieux !

Les grands absents du roman sont les enfants. En effet, ces trois femmes sont à la recherche de leur propre équilibre et leurs enfants n’en font visiblement pas partie. Si le livre en était resté là, je l’aurais sans doute beaucoup moins aimé, ne me reconnaissant pas dans ces figures. Mais la mise à l’écart des enfants n’est en réalité qu’une apparence et la mise en abîme de la fin du livre le prouve…

À propos de l’auteur

 

Née à Thonon-les-Bains en 1976, Delphine de Stoutz vit à Berlin depuis 2007, ville dont elle est tombée sous le charme grâce à Easy Jet qui avait ouvert une ligne Paris-Berlin à 5 € !

Elle a été dramaturge pour le théâtre pendant 20 ans entre la Suisse et la France, et exerce ses talents d’écrivaine depuis 3 ans.

Le site de Delphine de Stoutz.

 

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