ADOLESCENCE

 

📺 Adolescence, de Jack Thorne et de/avec Stephen Graham, Owen Cooper et Ashley Walters, réalisée par Philip Barantini, 4X 51 à 65’ 🇬🇧

Quelle claque ! Records d’audience battus pour cette mini-série : seulement quatre épisodes mais il n’en fallait pas davantage tant la tension est soutenue de bout en bout et la sensation de suffoquer permanente.

La police débarque en force aux aurores chez les Miller et procède à l’arrestation musclée de Jamie, 13 ans, suspecté du meurtre de Katie, une jeune fille fréquentant le même établissement scolaire que lui. Les policiers et une psychologue vont tour à tour l’interroger pour tenter de comprendre ce qui a pu le conduire dans une telle situation. Sa culpabilité n’apparaît pas comme le réel enjeu de la série, sauf peut-être dans le premier épisode, remarquable.

Le tournage en plan-séquence, sans coupure par définition, embarque le spectateur au plus près de l’action, l’immerge dans l’intrigue en temps réel, adoptant tour à tour différents points de vue. Si la série interroge subtilement le rapport des ados au réseaux sociaux, aux thèses masculinistes, souligne leur nocivité, elle m’a surtout impressionnée par le regard qu’elle porte sur une société totalement dépassée et sur la responsabilité des parents que nous sommes. Chacun s’interroge à un moment ou à un autre, plus ou moins tôt selon l’environnement, sur la conduite à tenir vis-à-vis des écrans et des smartphones réclamés par nos enfants. Faut-il les autoriser ? A partir de quel âge ? Dans quelles conditions ? Si tout le monde s’entend sur leur dangerosité, les attitudes divergent. Et on ressort de cette série on se demandant rétrospectivement si on a bien fait, si nous sommes parvenus, par nos choix, à protéger au mieux les nôtres.

« Adolescence » décrit une école qui ne sait plus rien gérer avec des enseignants totalement largués, une police largement dépassée à certains égards aussi. Une scène notamment le suggère, lorsque le fils de l’un des inspecteurs venus dans l’école, à la recherche de l’arme du crime…, explique à son père comment décoder les émojis sur Instagram, lui faisant réaliser qu’il était jusqu’alors passé totalement à côté de cas de harcèlement. Les relations de couple face à une telle situation sont elles aussi subtilement saisies. Comment tenir face à l’inimaginable ?

Une série très originale portée par des acteurs incroyables. Si Owen Cooper impressionne dans l’incarnation de Jamie, Stephen Graham, qui joue son père, est poignant ! Il faut le voir, démuni, assister à la fouille de son fils, à son interrogatoire. L’acteur, à l’origine de la série, explique que « L’idée est venue alors que, depuis une dizaine d’années, nous assistons à une épidémie de crimes au couteau chez les jeunes garçons, dans tout le pays ».

Le succès retentissant de la série vient de conduire le premier ministre britannique à décider de la diffuser à grande échelle dans les écoles afin d’aider chacun à mieux saisir les enjeux qu’elle véhicule.

Share This