Rose Royal

 

Une pièce mise en scène par Romane Bohringer

Adaptation Anne-Charrier et Gabor Rassov. Avec Anne Charrier

Librement adapté du roman de Nicolas Mathieu

 

 

Certaines rencontres impriment durablement leur marque. Ce fut le cas de Rose, personnage de papier croisé dans une novella de Nicolas Mathieu. Une femme que je me représentais à l’image de Gena Rowlands dans certains de ses films, tout à la fois, sensuelle, forte et si fragile. Une femme de 50 ans ayant gardé de sa superbe malgré les années, les enfants envolés, les rencontres qui n’ont pas duré, la violence éprouvée… Une femme abimée qui si elle n’a pas renoncé, a décidé qu’on ne l’y reprendrait plus. Et pourtant, il aura suffit d’une rencontre, du désir toujours présent, d’un espoir… et Rose y croit. Mais cette fois-ci, elle est armée.

Une œuvre terriblement noire, au final époustouflant ! J’étais donc très curieuse de découvrir l’adaptation du livre qu’en avait faite Romane Bohringer, portée sur scène par la seule comédienne Anne Charrier. Qu’allait pouvoir donner ce texte transposé par l’actrice avec Gabor Rassov dans un monologue ? Allais-je y retrouver la même puissance qui m’avait percutée à la lecture du livre ? Présentée à Avignon l’été dernier, la pièce est actuellement jouée au Studio de la Comédie des Champs Elysées et je viens enfin de la voir.

Une claque ! Je sors de cette représentation soufflée par la performance extraordinaire d’Anne Charrier. La Rose qu’elle incarne a cette allure et cette élégance du personnage que j’imaginais. Elle évolue entre un bar, un lit et une table, tous emballés à la manière de Christo qui semblent s’effacer pour mieux la valoriser, tout en s’adaptant totalement à l’histoire et prenant sens à la fin, celui d’un linceul. Assez rapidement, ici comme dans le livre, la présence d’un calibre 38 promet un final tragique et la tension ne fait que monter : on embarque avec Rose et on l’accompagne, au plus près de ses émotions.

Anne Charrier est seule en scène et se raconte avec une justesse incroyable. Elle interprète à elle seule tous les personnages, avec quelques incursions d’une voix off et de sons… une mise en scène sobre pour ce thriller psychologique diablement efficace. Des confidences légères au début, de la rencontre aux allures de comédie romantique jusqu’au phénomène d’emprise que l’on voit se mettre en place lié la volonté de se libérer, tout est tenu et maîtrisé à la perfection. A voir jusqu’au 28 décembre. Ne la manquez pas.

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