Vivante

« Toute personne qui tombe a des ailes ». Cette phrase, placée en exergue du premier recueil de poésie de Clara Ysé « Vivante », est de Ingeborg Bachmann et en donne le ton. Ce sont aussi celles que revêt l’auteure en couverture. Musicienne, autrice, compositrice, interprète, poète et romancière, cette artiste enchante tant par sa voix que ses mots. Un timbre singulier et puissant qui vous secoue durablement et émeut autant qu’il apaise.

Pour Clara Ysé, « le monde s’est dédoublé » l’été 2017, quand sa mère, Anne Dufourmantelle, philosophe et psychanalyste, auteure notamment d’Éloge du risque et de Puissance de la douceur, disparait en 2017 sur une plage de Ramatuelle après avoir sauvé de la noyade deux enfants.

Ce cataclysme innerve toute sa création, d’abord musicale, avec un premier EP en 2018, puis un album exceptionnel au si joli titre, « Oceano Nox » (Et la nuit s’élance de l’océan, tiré d’un vers de l’énéide de Virgile) ; et littéraire, avec son premier roman « Mise à feu » (Grasset, 2021), distingué par le Prix de la vocation, puis « Vivante ».

Quatre-vingt trois poèmes sensuels et flamboyants, à l’image de la couverture du livre, écrits pendant 10 ans, de ses 20 ans jusqu’à aujourd’hui.

On y lit la souffrance et l’obscurité toujours présente, mais aussi la lumière en contraste. Clara Ysé, battante, nous invite avec cette lecture dans son univers intimiste peuplé d’animaux à un voyage troublant dont on ressort revigoré, la mélancolie maîtrisée grâce aux mots et à la musique.

« Devenir tristesse sans mourir de tristesse / Devenir tristesse et sortir vivante de la tristesse / Devenir tristesse et avenir à la fois / Devenir tristesse et tendresse et joie à la fois / Devenir héroïque c’est-à-dire devenir douce avec l’impardonnable » ❤️