La vie funambule – Marion Muller-Colard

Quand la vie ne tient qu’à un fil.

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Ce livre est une lettre écrite à une petite fille qui y découvrira quand elle sera en âge de la comprendre, qui était sa mère, « un petit peu ». Jeanne est née au plus fort de la menace qui pesait sur sa maman : alors qu’elle était enceinte, la jeune femme a appris être atteinte d’un cancer. Très vite, les médecins l’ont dite condamnée.

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L’auteur était son amie et elle écrit aujourd’hui à cette petite Jeanne à quelques jours de son baptême, non seulement pour lui parler de sa mère mais surtout pour évoquer la vie : « capter l’éblouissement qui surgit de ta vie et te le renvoyer avec un petit miroir de poche ». Quel présent pour celle qui, un jour, voudra savoir qui était sa mère et l’attachement qui les a liées, même si brièvement et si tragiquement !

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Au-delà, ce livre se présente aussi comme une réflexion passionnante sur le temps : « Le jour où la menace a pris la forme d’une condamnation, on a arrêté d’aller d’un jour à l’autre, de maintenant à après. On est resté maintenant ». Erudit, il nous conduits à nous interroger sur nos croyances. J’ai apprécié la façon dont Marion Muller-Colard, théologienne, ne cherche aucunement à donner du sens à un événement qui en est profondément dénué : « Les humains sont malades de sens. Et la plupart du temps, nous confondons le sens avec la cause. Nous voulons savoir pourquoi ». Et parfois, « c’est comme ça », sorte de « mantra du réel » explique-t-elle. « Dieu est peut-être ».

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Cette lettre, je mesure très précisément combien elle est précieuse. Même si d’autres témoignages le sont tout autant, celui-ci porte en lui une sagesse apaisante qui, on l’imagine, sera réconfortante pour cette petite le jour où elle sera en mesure de la lire.

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C’est peu dire que cette lecture m’a intimement bouleversée.