Puisque le soleil brille encore – Sarah Barukh

Arrêtez-tout : une fois ce livre entre vos mains, vous ne pourrez plus le lâcher ! Ecrire sur un roman qu’on a beaucoup aimé, sans vouloir trop en dire au risque de spoiler et décevoir les futurs lecteurs, tout en les incitant à le lire… un vrai challenge ! Le mien pour ce quatrième roman de Sarah Barukh qui m’a à nouveau emportée, notamment par sa capacité à incarner des histoires fortes à travers des personnages inoubliables !

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Sophie, parisienne, mène sa vie tambour-battant, faisant passer sa brillante carrière d’avocate avant tout, y compris sa petite fille. Un personnage que l’on découvre autoritaire, maniaque, pétrie de tocs en tous genres et par conséquent peu sympathique, si ce n’est un attachement viscéral à son père, Thiago, ancien ténor des barreaux devenu magistrat. Depuis sa plus tendre enfance, elle l’adule littéralement et entretient un lien tout à fait singulier avec lui, au point de former un clan bien distinct de celui existant entre sa mère et sa sœur, dont elle se sent exclue. Aussi, lorsque qu’un cancer de la gorge terrasse son père, le monde de Sophie vacille jusqu’à s’effondrer totalement après la découverte de documents chez ses parents. Feignant de les ignorer, les refoulant au plus profond d’elle-même, elle choisit de se noyer dans le travail mais se trouve très rapidement rattrapée par son propre corps qui lui, exprime son mal-être profond.

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Nahuel, quant à lui, vit à Buenos Aire. Une vie âpre auprès d’une mère mal-aimée, devenue alcoolique, et d’un père absent qui les a abandonnés lorsqu’il était encore enfant. Nahuel ne lui a jamais pardonné cette fuite motivée par la crainte de représailles à la suite des tortures commises durant la dictature ayant sévi en Argentine entre 1976 et 1983. Devenu adulte, il n’a eu de cesse de le poursuivre, jusqu’à ce qu’il soit placé derrière les barreaux, lui qui a contribué par ses méfaits au vol de centaines de bébés par la junte au pouvoir, retirés à leurs mères emprisonnées et exécutées, pour les donner à des militaires en mal d’enfants.

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France et Argentine, deux pays différents, sans lien apparent. Sophie et Nahuel ignorent tout l’un de l’autre et n’étaient pas censés se rencontrer. Mais ils vont pourtant voir leurs destins se croiser car les documents que Sophie a découverts dans l’appartement de ses parents sont des passeports… argentins. Sophie va donc à son corps défendant, initier une enquête, à la recherche de sa propre identité totalement remise en question, la conduisant de Paris à Buenos Aire, en passant par l’Espagne…

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Dans ce livre, Sarah Barukh continue d’explorer le thème de la transmission entre les parents et leurs enfants ainsi que celui de la mémoire, au cœur de chacun de ses romans. Comment se construit-on quand des pans entiers de notre propre histoire familiale ont été dissimulés ? Peut-on les ignorer quand ils émergent ou est-on nécessairement rattrapé à un moment ou à un autre ? Est-il indispensable de tout dire à ses enfants ? Cet exercice de vérité peut-il être réalisé à tout moment ?

Inscrivant ces questions existentielles au cœur d’une intrigue située dans un contexte historique marqué par la violence d’une dictature, Sarah Barukh signe un roman fort et émouvant, où le soleil qui brille encore sur le drapeau argentin représente tant l’espoir d’une vie meilleure que les braises d’un drame dont les répercussions sont toujours vives.

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Si la chanson de Jean-Jacques Goldman « Envole-moi » ne vous avait plus quittés à la lecture du précédent roman de Sarah, c’est cette fois-ci « Porque te vas » qui ne vous lâchera pas : une réussite !

À propos de l’auteur

Sarah Barukh est née en 1980. Elle a travaillé dans la production audiovisuelle, a écrit pour la télévision et la radio. Elle est l’auteur de Elle voulait juste marcher tout droit (prix Lions Club et MJLF 2017), Le Cas zéro (prix du Roman d’Entreprise et du travail 2019) et Envole-moi, tous les trois publiés chez Albin Michel. Puisque le soleil brille encore, publié chez Calmann-Lévy, est son 4e roman.