Voici ce que dit la galerie qui l’expose à Bruxelles : CROSSOVER. Selon les cas, ce terme anglais peut revêtir différentes significations : traversée, transition, passage, passerelle, mélange, croisement, métissage, hybridation, transversalité, enjambement, mutation génétique, pont…
Cette quatrième exposition personnelle de Jef Aérosol à la galerie bruxelloise Martine Ehmer ne pouvait guère être intitulée différemment tant elle recouvre tous les sens de ce vocable.
Il s’agira véritablement d’une traversée puisque la galerie vient d’ouvrir un deuxième espace, juste en face du premier. L’artiste investit les deux lieux et les visiteurs sont donc invités à passer d’un côté à l’autre de la rue : du 200 au 183 rue Haute.
L’exposition au 200 rue Haute présente une unité de support, de technique et de format, ce qui en accentue l’aspect narratif et l’équilibre esthétique. En effet, plus de 35 nouvelles pièces sont présentées et, à l’exception de deux grandes toiles, toutes sont réalisées sur panneaux de bois d’une hauteur de 80 cm. Comme des suites, séries et séquences, elles évoquent cependant des passages et croisements, au sens propre comme au figuré. Des polyptyques permettent à Jef Aérosol d’enjamber, de passer d’un univers à un autre, de créer des ponts ou des ruptures.
Entre réalisme, surréalisme, onirisme et poésie, les images se font écho des transformations et métamorphoses qui marquent notre temps. Jef peint nos interrogations, laissant nos imaginations vagabonder et nos esprits travailler. Le pochoiriste reste fidèle à ses inspirations humanistes et on retrouve sa patte. Néanmoins, il explore certains thèmes qui, pour certains, s’éloignent parfois de son registre habituel. Ces expérimentations sont en cohérence avec le titre de l’expo : mélanges, passerelles, transitions… Signe récurrent et marque de fabrique de l’artiste, la flèche rouge joue à la fois son rôle d’élément perturbateur et de fil conducteur.
Dans le nouvel espace, au 183 rue Haute, Jef propose un univers très différent, une immersion dans ce matériau qui lui est cher : le carton ondulé de récupération. Une sélection d’oeuvres récentes ou plus anciennes sont présentées dans cet écrin surprenant.
Quatre lettres sont en gras dans ce CROSSOVER, formant le verbe OSER.
L’artiste nous suggère d’oser la traversée, la découverte, l’exploration. Oser les mélanges, les métissages, la différence.
Jean-François Perroy, plus connu sous le pseudonyme de Jef Aérosol, né en 1957, est un artiste pochoiriste français issu de la première vague d’art urbain des années 80. En 1982, c’est la ville de Tours qui a l’honneur de se voir dotée du premier pochoir de l’artiste.
Soulignés d’une flèche rouge, véritable signature de l’artiste, les portraits de personnalités comme Elvis Presley, Gandhi, Basquiat, ou encore Lennon ainsi que les silhouettes des anonymes de la rue, apparaissent à travers une palette en deux teintes sur les murs des villes.
Paris, Lille, Lyon, Nantes, île de Ré, Orléans, Tours, Londres, Lisbonne, Madrid, Barcelone, Venise, Rome, Amsterdam, Chicago, San Francisco, Los Angeles, New-York, Bruxelles, Zurich, Pékin, Tokyo, Palerme, Dublin, Belfast, Ljubljana, Athènes, La Réunion… Toutes ces villes ont vu se développer sur leurs murs les pochoirs grandeur nature de Jef Aérosol. Un de ses pochoirs figure même sur la Grande Muraille de Chine. En novembre 2012, il a réalisé une fresque sur la façade du musée Robert Musil en Autriche. Sa légitimité muséale a été consacrée lors de sa première exposition personnelle au Musée des Avelines mais aussi au Palais des Beaux-Arts de Lille. Son plus grand pochoir à ce jour intitulé « Chuuuttt !!! » (350m2), Jef Aérosol l’a réalisé au cœur de Paris, place Stravinski, à côté du Centre Georges Pompidou.
Fan du travail du street-artiste depuis de nombreuses années, en quête de ses pochoirs partout dans mes déplacements, il était impossible de passer à côté de cette expo. Bonne découverte si vous êtes à Bruxelles !