La vie sans toi – Xavier de Moulins

 

Xavier de Moulins signe avec ce roman choral un thriller psychologique extrêmement efficace, à l’intrigue finement nouée, tout ce que j’aime !

Éditeur : JC Lattès

Nombre de pages : 304

Parution : Mars 2019

Prix : 19,90 €

Version ebook disponible

Il est de ces livres comme de certains films, une fois achevés, une envie irrépressible surgit, celle de recommencer la lecture ou le visionnage depuis le début, pour mieux saisir tout ce qui nous aurait échappé à l’aune du dénouement ! Rappelez-vous, « Sixième sens » ! Ainsi en va-t-il du dernier roman de Xavier de Moulins, « La vie sans toi ». Et l’analogie avec le film culte de Night Shyamalan dépasse ici la seule fin de l’œuvre…

Peut-on survivre à la disparition d’un enfant ? Rien n’est moins sûr et chaque parent confronté à une telle épreuve compose comme il le peut avec cette situation contre nature, la pire que l’on puisse avoir à affronter dans une vie à mon sens. Avancer, coûte que coûte, pour ceux qui restent. Ou en finir, définitivement, pour abréger une souffrance totalement insupportable ?

Eva et Paul se débattent ainsi depuis huit ans. On comprend dès les premières pages tournées qu’un drame s’est produit quelques années auparavant, les laissant « orphelins » eux et leurs deux petites filles. Elle, asset manager, travaille comme une forcenée, jongle entre ces multiples obligations professionnelles et pilote sa famille à distance. L’une de ses filles la croque d’ailleurs avec une cape, volant au-dessus des nuages, une calculatrice à la main pour sauver le monde… Quant à lui, artiste peintre, c’est la panne sèche. L’inspiration s’est envolée avec l’enfant perdu, au grand dam de son galeriste, Peter.

« Depuis huit ans, j’ai tenté de transcender la douleur en m’enfermant dans cette pièce, j’ai survécu à l’épreuve en essayant de peindre, Eva a tenu debout en travaillant comme une acharnée. On ne prend jamais le temps de souffler. Souffler, c’est réaliser son absence, l’entendre mourir de nouveau. Chez nous, souffler, c’est crever  ».

Si en apparence, ils semblent avoir surmonté le drame, il n’en est en réalité absolument rien, Eva et Paul vivant en parallèle sans plus savoir se parler. La première partie du roman fait alterner leurs deux voix et dresse ainsi le portrait de ce couple à la dérive, en perdition, dans l’incompréhension totale. Rien de surprenant à cela au regard de leur vie devenue cauchemar et du fait que chaque personne vit un deuil à sa manière, rendant la communication complexe d’autant que les temps de souffrance et les moyens de l’exprimer diffèrent entre les parents.

Puis, surgit un nouveau personnage, Andreas, et là… l’histoire s’emballe totalement et prend une tournure inattendue !

Eva succombe aux charmes de ce professeur de français qui sait si bien s’intéresser à elle et chasser ses douloureuses migraines. Et pourtant, les intentions de cet homme sont-elles si louables ? Les tensions montent alors de toutes parts. Amour, mort, meurtres en série, suspens, rythme effréné : tous les ingrédients sont réunis ici pour empêcher le lecteur de lâcher le livre avant son dénouement final, très réussi !

Xavier de Moulins signe avec ce roman choral un thriller psychologique extrêmement efficace, à l’intrigue finement nouée, qui nous conduit à nous interroger sur des questions existentielles, en particulier le rapport que nous entretenons avec nos défunts et la manière dont chacun s’accommode de ces absents si présents à nos esprits, en leur parlant, les invoquant, les écoutant… Un thème qui m’a rapidement accrochée, traité avec subtilité grâce à une construction machiavélique ! Tout ce que j’aime !

À propos de l’auteur

Xavier de Moulins, né en 1971, est journaliste, présentateur du 19 h 45 sur M6, et de l’émission 66 minutes. Il est l’auteur de cinq romans, parmi lesquels, chez Lattès, Que ton règne vienne (2014), Charles Draper (2016), Les Hautes lumières (2017).

 

Xavier de Moulins dans Quotidien, à la 7e minute.

Quelques pages en extrait du livre….
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